Titre | L'invention de la démographie et la formation de l'Etat. | |
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Auteur | Rémi Lenoir. | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | no 108, juin 1995 Histoire sociale des sciences sociales (2) | |
Rubrique / Thématique | Histoire sociale des sciences sociales (2) |
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Résumé | L'invention de la démographie et la formation de l'État On ne saurait refaire ici l'histoire des catégories de la « pensée démographique». Il s'agit seulement, à propos d'une des sciences sociales qui s'est toujours voulue à la fois un outil de gestion étatique et un moyen de connaissance du monde social, de mettre au jour les mécanismes selon lesquels se constituent les catégories, les problématiques qui les sous-ten-dent et les enjeux dont ils sont l'objet. De sorte que l'analyse vise à construire l'espace social de la production et de la diffusion du discours démographique, espace certes différencié et dispersé, mais bien propre à contrecarrer les oppositions, et ainsi à contribuer à engendrer cette sorte de neutralité bureaucratique qu'on ne saurait confondre avec la neutralité axiologique. Il reste que le large consensus à la fois scientifique et politique dont bénéficie la démographie tient pour une part à la nature des catégories qu'elle emploie, celles de l'état civil et les présupposés qui lui sont liés, donc instituées et consacrées par l'État et utilisées du point de vue de l'État. Cette correspondance entre la « pensée démographique » et la « pensée d'État » pourrait bien être assurée par celle que la recherche fait apparaître entre les propriétés sociales des acteurs scientifiques, administratifs et politiques, voire religieux, qui participent à l'élaboration et au maintien de cette discipline. | |
Résumé anglais | The invention of demography and the birth of the State This is not the place to remake the history of the categories of "demographic thinking". The sole aim of this article is to look at one of the social sciences which has always seen itself as a tool for state management and a means of knowing society and to bring out the mechanisms that serve to constitute the categories of this thought, their underlying problematics and the issues in which they have a stake. The analysis attempts to construct the social space in which the demographie discourse is produced and diffused, a differentiated and dispersed space to be sure, but one well suited to counteracting opposition, and in so doing to contributing to the sort of bureaucratic neutrality that could never be confused with axiological neutrality. It remains that the broad scientific and political consensus enjoyed by demography can be explained in part by the nature of the categories it uses, the same as those used by government registry offices, and the assumptions that go with them, categories instituted and consecrated by the State, then, and used from the viewpoint of the State. This correspondence between "demographie thinking" and "State thinking" might well be ensured by the correspondence revealed by research between the social properties of the scientific, administrative and political, and even religious, actors that take part in elaborating and maintaining this discipline. | |
Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1995_num_108_1_3146 |