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Titre Un rhizome khmer à la frontière khméro-thaïlandaise : une étude sur les travailleurs illégaux de Rong Klua et de Poipet
Auteur Thierry Lejard
Mir@bel Revue L'Espace Politique
Numéro no 24, janvier 2015 Trafics en Asie du Sud-Est
Rubrique / Thématique
Trafic en Asie du Sud-Est
Résumé À la frontière khméro-thaïlandaise, entre la ville de Poipet et le marché de Rong Klua, nous avons observé les déplacements des populations illégales ou vivant à la frange de la société. Nous avons dressé une carte schématique, « géographique » pour mieux repérer et classer les multiples activités d'un marché protéiforme. Pour savoir combien de personnes résident dans ce marché, en permanence ou en journée, légalement ou non, nous nous sommes installés sur plusieurs points de la frontière légale et près des passages illégaux pour mieux saisir la relation et la distinction localement admise entre les travailleurs légaux et les illégaux, ce qui nous a amené à nous pencher sur l'origine des habitants et sur les raisons de leur venue. Il nous a paru essentiel d'analyser la reconstitution exprimée par eux d'une histoire à partir d'une résilience, une histoire qui redevient leur histoire, même si elle a été édifiée, construite dans la pauvreté et sur les débris d'une autre histoire, celle-là tout aussi prégnante que la misère, car les camps de réfugiés Khmers Rouges se trouvaient en ce lieu. Les relations économiques et sociales sont réinterprétées dans le cadre d'une cartographie mentale fondée sur des mythes et des rites spécifiquement khmers qui reprennent force à Poipet et Rong Klua. Cette cartographie, construite à partir d'un tissu social déchiré, d'un territoire rituel et d'un usage de la langue khmère, permet aux travailleurs cambodgiens de poursuivre à un niveau symbolique le combat qu'ils mènent quotidiennement pour résister à la domination thaïlandaise.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Between the town of Poipet and the Rong Klua market, at the border of Thailand and Cambodia, we oberved the movements of illegal populations or those living at the fringes of the society. We realize a sketche of a «geographical» map which allows us to locate and classify the multiple activities in a protean market. In order to know how many persons live in this market, permanently or not, legally or not, we observed various border locations and illegal passages to better understand the relationships and the differences, locally accepted, between legal and illegal workers. Thus, we find out from where these inhabitants came from and why did they come. It seems fundamental to analyze their own reconstitution of a history based on a resilience, a history which became their history, even if it had emerged from poverty and on debris of another history as much significant than misery, because the Khmer Rouge camps where built here. Economic and social relations are re-interpreted within a framework of mental cartography based on myths and rituals, specifically khmer which regains force here. This cartography, build upon a teared apart social network, from a ritual territory, helped by the use of khmer language, allow the Cambodian workers to carry on a symbolic struggle which they daily conduct in order to resist to the Thai domination.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://espacepolitique.revues.org/3188