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Titre Perdre l'esprit du lieu
Auteur David Berliner
Mir@bel Revue Terrain
Numéro no 55, septembre 2010 Transmettre
Rubrique / Thématique
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Page 90-105
Résumé Luang Prabang est une ancienne ville royale du Laos qui figure sur la Liste du patrimoine mondial de l'humanité depuis 1995. Du fait de ses moines en tunique orange, ses temples bouddhistes et la mystique religieuse qu'elle respirerait, mais aussi de par la trame des architectures traditionnelles et coloniales qu'elle donne à voir, elle jouit d'une réputation internationale et attire un nombre grandissant de touristes. L'objectif de l'Unesco y est « de pérenniser l'authenticité et la valeur du site » par une série d'actions comme l'inventaire du patrimoine, la restauration des temples bouddhistes et des maisons coloniales, des régulations sur la restauration imposées aux habitants ou encore des cours de sculpture destinés aux moines. Ainsi listée, Luang Prabang est une ville où la préservation se fait désormais obligation morale et politique. Pourtant, un tel impératif à préserver et à transmettre ne semble pas correspondre aux préoccupations de la plupart des habitants du centre-ville qui aspirent à la modernité. On voit toutefois poindre l'éveil contraint et forcé d'une conscience patrimoniale, surtout orientée par les recettes du tourisme. À cet égard, l'exemple de Luang Prabang est fascinant en ce qu'il révèle les conflits d'interprétation qui existent entre les discours et les pratiques des experts en conservation et ceux des acteurs locaux. Tandis que les premiers voient la possibilité de sauver cette ville en la transformant en un écomusée avec son âme, les seconds, qui, certes, veulent se souvenir, ne désirent pas continuer à vivre dans des mondes révolus.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Losing one's culture The politics of Unesco at Luang Prabang (Lao pdr) Luang Prabang is an ancient Laotian royal city which figures on the list of World Heritage sites since 1995. Because of its saffron clad monks, because of its Buddhist temples and because of its supposed mystical religious aura, as well as because of the network of traditional and colonial architecture it displays it has gained international renown and draws ever more tourists. Unesco's stated aim is “to maintain the authenticity and value of the site” by making an inventory of buildings, restoring Buddhist temples and colonial houses by means of regulations imposed on the inhabitants and the teaching of sculpture to the monks. Thanks to this listing, conservation has become a moral and a political duty. However this is not the concern of most of the inhabitants of the centre of town who seem more concerned with becoming modern although the beginning of a heritage consciousness can be discerned, concerned above all with the encouragement of the tourist industry. Because of this the case of Luang Prabang is particularly fascinating in that that it highlights the conflicting interpretations of the heritage experts and locals. While the former see the possibility of keeping the spirit of the town through the creation of a kind of eco-museum, the latter, while concerned with not obliterating the memory of the past, do not want to live in a by-gone world.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://terrain.revues.org/14077