Titre | Des morts pour pleurer | |
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Auteur | Olivier Allard | |
Revue | Terrain | |
Numéro | no 62, mars 2014 Les morts utiles | |
Rubrique / Thématique | Les morts utiles |
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Page | 36-53 | |
Résumé |
Les défunts n'ont guère d'existence que comme objets de deuil chez les Warao du delta de l'Orénoque, au Venezuela. Toutefois, ces derniers ne doivent pas seulement surmonter la peine suscitée par un décès, ils peuvent aussi la rechercher intentionnellement, dans certaines circonstances bien déterminées. Les lamentations funéraires en présence du cadavre, et la célébration du Jour des Morts dans les cimetières, représentent les contextes qui font éprouver aux vivants une tristesse et une détresse profondes, manifestées alors par leurs pleurs. Cet article montre comment les Warao en font un usage moral : la peine causée par les défunts (et les absents) leur permet en effet de prouver leur moralité et de se justifier éthiquement, en révélant leur attachement aux vivants et en exhibant leur regret de n'avoir pu échapper aux dilemmes insolubles et aux exclusions inévitables dont est faite la vie sociale. Cette peine est aussi constamment anticipée, de telle sorte que les vivants apparaissent souvent comme des morts en puissance : l'assurance de le pleurer à sa mort est le moyen le plus efficace de convaincre son interlocuteur d'une affection sans faille. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
Among the Warao of the Orinoco Delta, in Venezuela, dead people hardly exist save and except as objects of grief. However, the sorrow they evoke must not only be overcome, but can also be actively sought by the Warao, in some specific circumstances. Funerary laments in front of the corpse, and the celebration of the Day of the Dead in cemeteries, represent the contexts that cause the living to experience deep sadness and distress, which they display through their crying. This paper shows how the Warao make use of such emotional experiences for moral ends: the grief caused by the dead (and by the absent) enables them to prove their morality and to justify themselves ethically, by revealing their attachment to the living, and exhibiting their regret not to have been able to escape the unsolvable dilemmas and the unavoidable exclusions that constitute social life. This sorrow is also constantly anticipated, so that the living often also appear as potential dead people: vowing to cry when someone dies is the most efficacious means to convince one's interlocutors of a flawless affection. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://terrain.revues.org/15347 |