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Titre Retoucher les morts
Auteur Grégory Delaplace
Mir@bel Revue Terrain
Numéro no 62, mars 2014 Les morts utiles
Rubrique / Thématique
Repères
Résumé À la mort d'une personne, il est d'usage en Mongolie de confectionner un portrait funéraire à partir de sa photographie d'identité agrandie, colorisée et retouchée. Ce portrait est utilisé pendant les funérailles, puis installé à côté des images pieuses du foyer dans la maison qu'occupait le défunt jusqu'à sa mort. Ce portrait est censé constituer une sorte de double du mort, à travers lequel ce dernier pourra recevoir des offrandes de la part de ses proches parents pendant la période de deuil et après celle-ci. La valeur à la fois indicielle et iconique de la photographie – le fait qu'une photographie est une trace du sujet photographié, en même temps qu'elle lui ressemble – tend à lui voir conférer, en Mongolie comme ailleurs, le pouvoir magique d'atteindre une personne à distance, ou en son absence. En retouchant les portraits de parents défunts, toutefois, les Mongols semblent faire un pas de plus dans l'usage magique de la technique photographique : en altérant l'image, ils ne se contentent pas de fabriquer un support de relations avec leurs morts, ils se donnent les moyens de transformer ces derniers.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais When somebody dies in Mongolia it is customary to make a funerary portrait of the deceased based on an identity card photograph which is then enlarged, coloured and touched up. Such a portrait is used during the funeral and is then placed near religious images close to the hearth of the house where the deceased lived before his, or her, death. These portraits are a kind of double of the dead via which the deceased can receive offerings from close kins during the period of mourning and afterwards. Photographs have an indexical and iconic value which derives from the fact that they are both a trace of the deceased and that they resemble them. In Mongolia as elsewhere this gives them the magical power of reaching a person who is either far away or absent. In touching up the portraits of dead relatives the Mongols seem to go further in such magical uses of photography. When they retouch the image they are not only creating a support for their relation to the dead but they also seem to give themselves the means of transforming them.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://terrain.revues.org/15390