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Titre From experimental psychosis to resolving traumatic pasts : psychedelic research in communist Czechoslovakia, 1954-1974
Auteur Sarah Marks
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 56, no 1, janvier-juin 2015 Fictions d'avenir : sciences et temps des socialismes est‑européens
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 53-76
Résumé Fondé sur des archives, des mémoires scientifiques et de la littérature secondaire, cet article reconstitue les projets de recherche psychédélique développés à Prague entre 1954 et 1974, tout en situant la recherche psychiatrique en Tchécoslovaquie communiste dans le contexte transnational des sciences pendant la guerre froide. Plus précisément, l'article retrace l'histoire des expériences ayant visé à provoquer, à titre expérimental, une psychose en vue d'affiner l'étiologie de la schizophrénie. Il souligne également la résilience, au-delà des changements de régime, de la théorie et de la pratique psychanalytiques tchécoslovaques, une résilience dont atteste l'utilisation thérapeutique du LSD en tant qu'accélérateur. Le temps (et son expérience subjective) était alors envisagé comme une composante fondamentale du processus psychothérapeutique ; les chercheurs, dans l'environnement contrôlé de la relation clinique et thérapeutique, recoururent ouvertement aux drogues hallucinogènes afin d'agir sur les souvenirs des patients. L'utilisation de techniques pharmacologiques et psychologiques pour contrôler les expériences vécues à des fins thérapeutiques s'inscrivait dans un programme plus vaste d'amélioration de la subjectivité humaine elle-même. Ces techniques semblaient en effet offrir une méthode utopique pour revisiter le traumatisme et, in fine, le guérir. En dernier ressort, la recherche psychédélique entrait en écho avec les visées plus larges de la modernité socialiste dont le propos était de faciliter le développement du potentiel humain et de placer la science et la technologie au service du progrès social.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Drawing on research papers, archives and scientific memoirs, this paper reconstructs the psychedelic research projects developed in Prague between 1954 and1974, situating psychiatric research in Communist Czechoslovakia within the transnational context of Cold War science. It traces attempts to induce experimental psychosis as a means of exploring the aetiology of schizophrenia; as well as the resilience of psychoanalytic theory and practice in Czechoslovakia, illustrated by approaches to psychotherapy using LSD as an accelerant. Time – and the subjective experience thereof – formed a fundamental part of the psychotherapeutic process, and the researchers explicitly utilized hallucinogenic drugs to actively manage patients' memories of their own past within the controlled environment of the clinic and the therapeutic relationship. The use of pharmacological and psychological techniques to control experiences from the patient's history for therapeutic purposes fitted into a wider progressive project for the improvement of human subjectivity itself: they appeared to offer a utopian method for revisiting and ultimately curing trauma. Ultimately, psychedelic research resonated with broader interests of socialist modernity, which was concerned with facilitating future human potential, and the use of science and technology to further social progress.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_561_0053