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Titre Les interdits hors la loi : la répression institutionnelle et médicale de la sexualité (1850-1930)
Auteur Patrick Pognant
Mir@bel Revue Droit et cultures
Numéro no 57, juin 2009 Interdit(s), Interdiction(s)
Page 129-142
Résumé Hors la sexualité à but procréatif, tout comportement sexuel a été considéré par les médecins comme pathologie et par les moralistes comme des crimes contre la morale. Bien que la masturbation et l'homosexualité ne fussent pas considérés comme un délit et un crime par le Code pénal français, elles furent cependant envisagées comme des interdits moraux et, notamment entre 1850 et 1930, elles furent réprimées par tous les acteurs de la société (clercs, liqueurs, religieux, policiers, juges, enseignants, parents…) et par le corps médical (au premier rang desquels les psychiatres). Ce phénomène répressif a touché tous les pays occidentaux, y compris les Etats-Unis, à des degrés divers (le Code pénal allemand, par exemple, était beaucoup plus répressif que le Code pénal français sur ce sujet). De nombreux psychiatres se sont mués en auxiliaires de justice en favorisant la comparution d'homosexuels et de masturbateurs devant les tribunaux. La psychiatrie occidentale de cette époque se caractérise sur le plan de la sexualité comme une psychiatrie de l'erreur qui va muer en une psychiatrie de l'horreur en mettant au point un arsenal monstrueux à la fois technologique (corsets, camisoles et cages de contention…) et thérapeutique (infibulation, cautérisation, circoncision à vif, castration…). Nos sociétés contemporaines portent encore les stigmates de cette période noire durant laquelle médecine et justice ont agi de concert pour médicaliser et punir les comportements sexuels s'écartant de la norme.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Apart from sexuality with a procreative aim, sexual behaviour as such was considered, by physicians, as pathological and, by the moralists, as crimes against morality. Although masturbation and homosexuality were not regarded as a criminal offence or even as a crime by the French criminal code, however they were considered as the object of a moral interdiction and, particularly between 1850 and 1930, repressed by all society actors (clerks, members of a league, monks, police officers, judges, teachers, parents) and by the medical profession (the first of which psychiatrists). This repressive phenomenon concerned all the Western countries, including the United States, to various degrees (the German criminal code, for example, was much more repressive than the French one on this topic). Many psychiatrists turned into auxiliaries of justice by supporting judicial action against homosexuals and masturbators. Western psychiatry of this period of time is characterised as far as sexuality is concerned as “a psychiatry of error” which will turn into “a psychiatry of horror” by developing a monstrous arsenal both technological (corsets, nightshirts and cages of retention..) and therapeutic (infibulation, cauterisation, circumcision without anesthesia, castration..). Our contemporary societies still carry the marks of this dark periodduring which medicine and justice acted together for medicalizing and punishing sexual behaviours deviating from the standard.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://droitcultures.revues.org/1301