Titre | Civilisation(s) : pertinence ou résilience d'un terme ou d'un concept en géographie ? | |
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Auteur | Michel Bruneau | |
Revue | Annales de géographie | |
Numéro | no 674, 2010/4 | |
Page | 315-337 | |
Résumé |
Le terme et le concept de civilisation(s) sont revenus à la mode dans les sciences humaines au cours des deux dernières décennies. Fruit de l'Europe des Lumières, le terme a connu un vif succès en histoire, alors qu'en sociologie et en anthropologie, il a été vite remplacé par le concept très proche de culture. La géographie l'a adopté plus tardivement par le biais des études rurales à travers les « civilisations agraires » et lui a longtemps préféré le concept plus spécifique de « genre de vie », lui-même tombé en désuétude à partir des années 1960. Pierre Gourou a fait des civilisations le concept central de sa géographie humaine, concept qu'il a affiné tout au long de son œuvre. De même, le géohistorien Fernand Braudel a mené une réflexion approfondie sur la dimension spatiale des civilisations, tout en ressentant le besoin de leur adjoindre des concepts connexes. L'ambiguïté, la polysémie, le caractère flou du concept de civilisation ont fait sa fortune en même temps que sa faiblesse théorique. La plupart des géographes l'ont aujourd'hui abandonné, tout en continuant à utiliser ponctuellement le terme et en le conservant dans leurs dictionnaires, mais en lui préférant les termes de culture ou de société. Toutefois, il a été récemment réintroduit en géopolitique par S. Huntington (1996) pour rendre compte des conflits ethniques ou « civilisationnels » de la fin du XXe siècle. Cette approche très controversée, qui tend à essentialiser des entités culturelles juxtaposées sur une carte, ne rend pas suffisamment compte des interférences et influences réciproques entre ces réalités mouvantes au sein desquelles les États-nations continuent à jouer un rôle essentiel. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Civilization(s) : relevancy or resiliency of a term or a concept in geography ? The two last decades, the term and concept of civilization came back into fashion within social and political sciences. Emerged in the Europe of Enlightenment, this term has known a great success in history, even though it has been quickly replaced by the very near concept of culture in sociology and anthropology. Geography adopted it later by the way of rural studies with the « agrarian civilizations », and liked better for a long time the more specific concept of « genre de vie », fallen into disuse now from the sixties. Pierre Gourou took civilizations as central concept of his human geography, refining it all along his works. In the same way, Fernand Braudel, geo-historian, has thought deeply on the spatial size of civilizations, feeling the need to associate to it other connected concepts. Ambiguity, plural meaning, fuzziness of the civilization concept made its success and at the same time its theoretical weakness. Most of the geographers gave it up today, while continuing to use the term and keeping it in their dictionnaries, but prefering the concepts of culture and society. However it has been recently reintroduced in political geography by Samuel Huntington (1996) in order to understand ethnic or « civilizationnal » conflicts at the end of the twentieth century. This very much debated approach, which is inclined to essentialize cultural entities located side by side on a map, does not enough take in account reciprocal interferences and influences between these shifting realities within which Nation-States still play a great role. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=AG_674_0315 |