Titre | De la soie au drap : la scénographie de la vêture au Carmel (France, XVIIe-XVIIIe siècle) | |
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Auteur | Christine Aribaud | |
Revue | Clio : Histoires, femmes et société | |
Numéro | no 36, 2012 Costumes | |
Page | 91-108 | |
Résumé |
Le propos de l'article est l'analyse de la cérémonie de la prise d'habit au sein de l'Ordre Notre-Dame du Mont-Carmel aux XVIIe et XVIIIe siècles. À partir des sources normatives, picturales et hagiographiques, cette cérémonie est détaillée, notamment la scénographie de l'avant/après, gommant toute marque féminine (présence de cheveux, soins pour un teint pâle, vêtement ajusté, usage de soieries, de bijoux, etc.). Certaines pratiques témoignent de la mise en impatience de ce passage de la soie au drap, qui se traduit par des prises d'habit clandestines, prématurées ou des portraits de mondaines usurpatrices en habit de carmélites. Il est vrai que le modèle absolu de La Madeleine, compte tenu des origines le plus souvent princières des postulantes, n'est pas étranger au prestige de la métamorphose. Réalité et construction représentative permettent de montrer comment le Carmel s'est approprié une cérémonie, qui, dans le contexte compétitif entre les ordres de la liturgie tridentine, valorise la femme, par le biais de la moniale, affranchie des attributs de son sexe. Mais surtout, la vêture a su rendre spectaculaire et désirable ce qui a priori ne l'est pas, la pauvreté et la pénitence du corps et de ses attributs, dans le but avoué du recrutement de nouvelles postulantes. De la rivalité entre drap et soie, le vainqueur n'est pas forcément celui que l'on croit. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The paper presents the analysis of the ceremony of taking the cloth in the Ordre Notre-Dame du Mont-Carmel in the xviith-xviiith centuries. This ceremony is detailed on the basis of normative, pictorial and hagiographic sources, in particular the scenography of the before/after, erasing any feminine mark (presence of hair, care for a pale complexion, adjusted garment, an use of silk, jewels, etc.). Some practices testify of the stake in impatience of this passage of the silk in the twill, which is translated by secret, premature grips of the veil or the portraits of usurping women of the good society in Carmelites' dress. It is true that the absolute model of the Madeleine, considering the mostly princely origins of the applicants, is not foreign in the prestige of the metamorphosis. Reality and representative construction allow to show how the Carmel appropriated a ceremony, which, in the competitive context between the orders of the tridentine liturgy, values the woman, by the way of the nun, emancipated from her gender attributes. But especially, the clothing knew how to make spectacular and desirable what is not a priori, the poverty and the punishment of the body and its attributes, in the purpose admitted to the recruitment of new applicants. Of the rivalry between twill and silk, the winner is not necessarily the one that we believe. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://clio.revues.org/10759 |