Contenu de l'article

Titre Le rire et le sacré : La révolte graphique du caricaturiste Louis Marie Bosredon en 1848
Auteur Olivier Ihl
Mir@bel Revue Politix
Numéro vol. 28, no 110, 2015 Le passé mobilisé
Rubrique / Thématique
Varia
Page 137-170
Résumé Après la chute de la Monarchie de Juillet, les images lithographiées se lancent à l'assaut du politique. Dès le printemps 1848, Louis Marie Bosredon, ouvrier socialiste, participe à cette révolte. Il multiplie les caricatures, notamment avec une série de dessins édités par Lordereau, rue Saint-Jacques ou par Bès et Dubreuil, rue Gît-le-Cœur. Comme pour mettre à bas l'éminence visuelle du roi. En s'efforçant de retrouver le temps et la narration de ces images fixes, cet article s'efforce de comprendre en quoi ces tirages participent de l'événement politique. Car la République n'a pas seulement ouvert, en 1848, un espace de libertés, celui des rires de lèse-majesté. Elle a tenté de donner son éclat à la souveraineté d'un peuple-roi. Longtemps inconnu, ce dessinateur n'a pas juste ri des grands qui chutaient. Il s'est appliqué à mettre en scène une autre formule de grandeur. Pour le mesurer, il faut interroger l'art comique de ce graveur. Non pas se contenter d'interpréter chaque dessin, en posant d'hypothétiques « significations », mais renouer avec leur structure sociale, notamment au travers les projets et dispositions qui, concrètement, ont pu les inspirer. Comment ses estampes, aujourd'hui presque sans vie, sont-elles entrées en insurrection ? Quel rôle le rire a-t-il joué dans cette recomposition du sacré en politique ? Un axe de recherche qui invite à expliquer de quoi se nourrit la révolte graphique de Louis Marie Bosredon, en somme, en quoi la caricature a pu donner libre cours à sa critique du gouvernement représentatif.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This paper argues that satirical lithographs in nineteenth-century Paris allowed a representation of the people's sovereignty to take root in the social and political order. After the collapse of the July Monarchy in 1848, lithographs began to make irreverent depictions of the political realm. Desacralizing royal figures was their primary purpose. In the early days of this satirical turn, a socialist worker named Louis Marie Bosredon joined the revolt and drew a dozen caricatures that mocked the king. In 1848, the French Republic not only gave people the freedom to laugh but also consecrated popular sovereignty. Hundreds of drawings and caricatures represented “the common people.” Bosredon was one of these caricaturists who laughed at the king and celebrated the person in the street. Analysis of his production relies not so much on making interpretations as it does on connecting them to their social and political context. How did these drawings become political ? How did laughing change what was considered sacred about the exercise of power ? The case of Louis Marie Bosredon allows us to understand how criticisms of the representative government were articulated at the time. This logic is not only a matter of the past : a parallel will be made with the birth of comic strips. Still images have their own temporality and narrative styles. They are a key component of what constitutes a political event.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POX_110_0137