Contenu de l'article

Titre L'identité arabe : de l'espace de la nostalgie aux territoires en mouvement // Arab identity : from the Land of nostalgia to the territories in motion
Auteur Jean-François Troin
Mir@bel Revue Annales de géographie
Numéro no 638-639, 2004 Composantes spatiales, formes et processus géographiques des identités, sous la direction de Guy Di Méo
Rubrique / Thématique
Articles
Page 531-550
Résumé Que représente aujourd'hui le fait d'être arabe ? Pour les Occidentaux, au travers des médias, la vision est déformée par les événements récents. L'empreinte musulmane dominante conduit à un recouvrement Arabe/Islam, laissant de côté les Arabes non musulmans. De plus, des minorités souvent fort importantes (Berbères, Kurdes) sont soit ignorées soit au contraire magnifiées. La recherche de marqueurs valables d'une identité arabe (modes de vie, organisation de la famille et de l'habitat, symbolique du désert, présence influente de l'eau) s'avère infructueuse car aucun des éléments analysés n'est totalement spécifique des Arabes. De fait, par suite de l'intense mobilité (diasporas, évacuations, migrations), l'identité arabe est devenue plurielle, métissée, organisée selon des «territoires nomades». L'urbanisation accélérée a créé des fragmentations, y compris dans les populations citadines, et a contribué à faire naître des sous-identités. Il demeure cependant des racines fortes, un lien entre tous les groupes, reposant sur l'histoire commune, la brillante civilisation de l'Empire - aujourd'hui subdivisé en nations - telle qu'elle exista au temps de la splendeur médiévale, et surtout sur la langue, véritable ciment de l'ensemble arabe. Ce lien peut se lire à travers les «territoires d'identité» qui sont des lieux-symboles (les Lieux Saints d'Arabie), des lieux revendiqués (la Palestine), des lieux d'appartenance (la ville de Fès), des lieux apprivoisés (le Vieux Caire, mais aussi des pôles particuliers en terre étrangère comme Détroit, Marseille ou les quartiers koweïtiens de Londres). De tout cela résulte une identité complexe, en perpétuel remaniement. L'une de ses composantes essentielles - par référence à l'Andalousie perdue mais aussi en réaction aux redistributions qu'opère la mondialisation - semble finalement être une forme de nostalgie, voire de frustration, porteuse cependant d'espoirs et, pour certains, de revanche.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais What does being an Arab mean today? Western view as seen through media verage of recent events is distorted. The mainstream Muslim influence is inducing an Arab/Muslim overlap which does not account for non Muslim Arabs. Moreover, fairly important minorities such as the Berbers and the Kurds are often either ignored or magnified. Identifying valid keystones of an Arab identity (way of life, family and dwelling organization, desert symbolism, influence of water) are often pointless because none of these elements are wholly specific to Arabs. In actual fact, the Arab identity has been shaped by intense mobility (diasporas, evacuations, migrations) as plural, mixed, based on "nomadic territories". Accelerated urbanization has been a dividing line, even amongst the city dwellers and has lead to sub-indentity offshouts. However, strong roots such as a common history, a dazzling civilisation of the Empire (as it existed at its medieval peak - today scattered into nations) and very importantly a common lan- guage continue to bind all these diverse groups together. This common thread is interwoven into "identity territories", such as symbolic settings (the Holy grounds of Saudi Arabia), claimed territories (Palestine), places of belonging (the city of Fes) and domesticated dwellings (Old Cairo, but also places in foreign land such as Detroit, Marseilles or Kuwaiti districts of London). It all points to a complex constantly reshaping identity. One of its main features - refering to lost Andalusia but also against redistribution caused by globalisation - eventually seems to materialise as a kind of nostalgia or even as frustration bearing hopes but are for some, filled with revenge.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_2004_num_113_638_21637