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Titre Des maîtres de paroles en Algérie coloniale : Le récit d'une mise en scène
Auteur Didier Guignard
Mir@bel Revue Afrique & histoire : revue internationale
Numéro vol. 3, no 1, 2005 Dossier : Afriques romaines
Rubrique / Thématique
Varia
Page 129-154
Résumé Une échauffourée a lieu à Bougie le 4 septembre 1872. Au sein de la poignée d'Européens, elle oppose des militaires à des civils qui manifestent bruyamment leur attachement à la République. Les mots choisis dans un environnement colonial sonnent faux et la zizanie surprend dans une région à peine soumise où la solidarité entre les maîtres reste essentielle. De fait, la prise de parole tranche avec le silence imposé aux Algériens après la révolte de 1871. Elle révèle une perception insulaire de l'espace par les colons, coupés d'un arrière-pays hostile, davantage connectés par la mer aux autres centres et à la métropole. L'écho est extraordinaire. Bénéficiant de puissants relais institutionnels et techniques, de l'appui paradoxal du pouvoir central et de l'absence de contradicteurs, les maîtres civils ouvrent seuls à la colonisation une vallée peuplée par 100 000 Algériens. Dans le contexte d'incertitude politique en France et en Algérie, ils s'approprient de façon originale la République pour légitimer leur mainmise sur la terre. Acte prémédité, leur prise de parole est prise du pouvoir local.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais A clash took place in Bougie on September 4
th 1872. It erupted among a
handful of Europeans. It opposed French soldiers to civilians who were loudly
demonstrating their attachment to the Republic. The wording chosen in this
colonial setting sound out of place and such internal strife is amazing in a
barely submitted area where solidarity between the overlords should have been
essential. In fact, their speech was in sharp contrast with the silence imposed
on the Algerian people after the revolt in 1871. It reveals the settlers
insular perception of space, cut off from a hostile hinterland, more connected
by the sea to other centres and their home country. The echo of these events
was extraordinary. Enjoying powerful institutional and technical help, a
paradoxical support from central power and the lack of contradictors, the
civilian overlords alone were able to open for settlement a valley inhabited by
100 000 Algerians. In a context of political uncertainty in France and in
Algeria, they appropriated the Republic in a special way to make their land
seizure more legitimate. A premeditated act, their speech constituted a
conquest of local power.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=AFHI_003_0129