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Titre Archéologie ou mythologie ? Le modèle des « trois stades de la transe » et l'art rupestre d'Afrique du Sud
Auteur Patricia A. Helvenston, Paul Bahn
Mir@bel Revue Afrique & histoire : revue internationale
Numéro vol. 6, no 2, 2006 Dossier : Chamanisme et art rupestre
Rubrique / Thématique
Dossier : Chamanisme et art rupestre
Page 111-147
Résumé Cet article oppose une série de contradictions au modèle neuropsychologique dit des Trois Stades de la Transe (TST) proposé par Lewis-Williams et Dowson, modèle dont la popularité excède de loin la solidité de ses fondations empiriques. Lewis-Williams et Dowson ont écrit comme si le modèle TST avait été vérifié en Afrique du Sud, mais ce n'est pas le cas, ainsi que nous le montrons par un grand nombre d'objections documentées. De plus, comme ce modèle se base sur un type d'hallucination hautement spécifique ne pouvant être éprouvé qu'après l'ingestion de LSD, de mescaline ou de psilocybine, trois substances qui ne sont pas disponibles en Afrique du Sud, les San n'ont certainement pas expérimenté cette forme particulière de la transe (état altéré de conscience) au cours de leurs « danses de guérison », ainsi que les tenants du modèle TST l'ont proclamé. Comme ce modèle ne s'applique même pas à l'Afrique du Sud, on ne peut certainement pas dire qu'il s'applique à l'art Paléolithique des grottes européennes. D'un autre côté, Lewis-Williams et Dowson ont négligé l'existence de nombreuses substances psychoactives indigènes historiquement documentées, qui ont été utilisées par les San d'Afrique australe. Ces composés, susceptibles d'avoir influencé le comportement et l'expérience subjective d'états altérés de conscience, sont examinés dans cet article. Après la discussion des contradictions empiriques auxquels se heurte le modèle TST, nous concluons qu'il ne s'agit pas réellement d'une hypothèse archéologique, mais plutôt d'un mythe. Nous décrivons plusieurs cas précis dans lesquels une application naïve de ce modèle a fait beaucoup de dégâts dans le champ de l'archéologie, et nous concluons par la critique d'un travail excellent, mais lourdement grevé par le fait qu'on a voulu y plier les données factuelles pour les conformer au modèle TST, alors que les faits concrets étaient bien plus en accord avec d'autres interprétations, plus simples.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This paper presents a number of challenges to the Three Stages of Trance (TST) or the neuropsychological model proposed by Lewis-Williams and Dowson, a model whose popularity far exceeds its empirical foundations. Lewis-Williams and Dowson have written as if the TST model had been accepted as fact throughout South Africa but this is not the case as we document with numerous critical objections. Furthermore, since the model is based upon a highly specific hallucinatory pattern that is only experienced following the ingestion of LSD, mescaline or psilocybin, none of which was available in South Africa, the San certainly didn't experience this particular form of trance (altered state of consciousness) in their “healing dances”, as proponents of the TST model have claimed. Moreover, as the model does not even apply to South Africa, it certainly cannot be said to apply to Palaeolithic cave art in Europe. On the other hand, Lewis-Williams and Dowson ignored many indigenous psychoactive substances that were historically documented to have been used by the San of South Africa and these compounds, as they may have influenced the behavioral and subjective experience of altered states of consciousness, are considered in this paper. Following this discussion of empirical challenges to the TST model, we conclude that it is not an archaeological hypothesis but rather a myth. We describe a number of specific instances in which the naive application of this model has done great harm to the field of archaeology and conclude with a discussion of an excellent study that was seriously flawed because the factual data were made to conform to the TST model when the empirical evidence was much more consistent with other, more parsimonious interpretations.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=AFHI_006_0111