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Titre The fog of stagnation : Explorations of Time and Affect in Late Soviet Animation
Auteur Anna Fishzon
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 56, no 2, juillet-septembre 2015 Communiquer en URSS et en Europe socialiste
Rubrique / Thématique
Média, informations et émotions / Media, news and emotions
Page 571-598
Résumé Cet article pose qu'une « temporalité étrange » s'est fait place pendant l'époque de la stagnation : le passé staliniste était innommable et le futur reporté ou interdit. En réponse à l'horizon limité du « socialisme avancé » – la perte de la cohérence narrative et de la futurité, la promesse communiste qui n'arrive jamais – un éternel présent riche en possibilités et en sentiments fut mis en place dans les films d'animation, fournissant un temps et un espace où le désir était encore possible. Ëžik v tumane [Un hérisson dans le brouillard, 1975] de Jurij NorÒtejn, les films de Vinni‑puh (1969‑1972) de Fëdor Hitruk et Bremenskie muzykanty [Les musiciens de Brême, 1969] ont ravivé le désir et modifié l'imaginaire non pas, comme on aurait pu s'y attendre, en rétablissant un temps linéaire, mais en réimaginant la stagnation comme un domaine d'explorations passionnantes et non téléologiques. Là où le brouillard dans Ëžik v tumane provoque un manque et met la libido en marche, Vinni‑puh apporte une solution partielle à la crise du désir de l'époque brejnévienne en mettant en scène une perversité polymorphe et un « temps de cuisine » élastique ; quant aux Bremenskie muzykanty, ils sont allés plus avant dans le développement des nouvelles sociabilités, des amours et des formes de plaisir induites par cette temporalité étrange. Les fossés, les espaces magiquement intimes, les personnifications bizarres et le temps défiguré étaient rendus par le cadre diégétique autant qu'instanciés par le film en tant qu'objet, invitant les spectateurs à examiner de façon ludique les impasses du socialisme tardif et à imaginer une vie à la libido saturée, riche en promesses.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article argues that a queer temporality emerged during the era of Soviet Stagnation: the Stalinist past was unspeakable and the future postponed or foreclosed. In response to the limited horizon of “developed socialism” – the loss of narrative coherence and futurity, the never‑to‑arrive communist promise – an expanded present rich in possibility and feeling was brought into being in animated films, providing a time and space where one could desire again. Iurii Norshtein's Ëzhik v tumane (Hedgehog in the Fog, 1975), Fëdor Khitruk's Vinni‑pukh films (1969‑72) and Bremenskie muzykanty (Bremen Musicians, 1969) activated desire and altered fantasy not, as one might expect, through a reestablishment of linear time, but a reimagining of stagnation as a domain of thrilling, non‑teleological explorations. Where the fog in Ëzhik v tumane precipitated a lack and set the libido in motion, Vinni‑pukh provided a partial solution to the Brezhnev‑era desire crisis by staging polymorphous perversity and an elastic “kitchen time”; and Bremenskie muzykanty further developed the new socialities, loves, and forms of enjoyment communicated by such queer temporality. Gaps, magically intimate spaces, queer embodiment, and disfigured time were performed within the diegetic frame as well as instantiated by the film‑as‑object, asking spectators to playfully examine the impasses of late socialism, and imagine a libidinally saturated life, abounding with potentiality.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_562_0571