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Titre Le charisme ne se délègue pas. Les difficultés de la captation de l'ethos d'exceptionnalité de Chávez par Maduro au Venezuela
Auteur Ricardo Peñafiel
Mir@bel Revue Revue française des sciences de l'information et de la communication
Numéro no 7, 2015 Les recherches sur les publics en Sciences de l'Information et de la Communication
Rubrique / Thématique
Émergences
 Ethos, leader et charisme. La personnalisation du discours politique en Amérique(s) et en Europe
Résumé En abordant le cas de l'impossible délégation du charisme de Chávez à Maduro, cet article propose de revisiter la conception de la domination charismatique chez Weber et de la « banalisation du charisme » par la désignation ou le charisme héréditaire, en les abordant à partir de la théorie de l'ethos discursif élaborée par Maingueneau. En abordant l'efficacité du pouvoir charismatique de Chávez sur ses « adeptes », en fonction du garant et de la scénographie de la communauté discursive chaviste, l'article montre comment l'ethos d'exceptionnalité de Chávez reposait sur la mise en scène de sa soumission à la volonté du peuple (garant). L'image de soi de Chávez n'est donc pas abordée comme une stratégie unilatérale de l'orateur (comme dans la rhétorique classique) mais comme une construction interactive entre les co-énonciateurs d'une communauté discursive, ayant elle-même sa propre « corporalité », attribuant des places à l'ensemble de ses co-énonciateurs (et non pas seulement au locuteur Chávez) qui en incorporant ces places « font corps » dans une série d'institutions et de pratiques discursives qui « donnent corps » au garant du discours. Or, en se présentant comme le représentant de Chávez sur terre, Maduro ne fait pas que déifier Chávez ; il tend surtout à destituer le garant de la communauté discursive qui lui donne son pouvoir. En se montrant comme étant soumis à la volonté de Chávez (de qui il tirerait légitimité et autorité) Maduro ne se présente plus comme étant soumis à la volonté du peuple protagoniste, mettant ainsi en péril les conditions de possibilité du chavisme.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais The present article proposes to revisit Weber's conception of charismatic domination and the banalization of charisma by designation or hereditary charisma, by analyzing the case of the impossible transmission of Chávez's charisma to his successor Maduro, using Maingueneau's discursive ethos theory. By capturing the means of Chávez's charismatic power over his supporters in the analytical light of the concepts of « garantor » (garant), scenography and discursive community, this article demonstrates how Chávez's ethos of exceptionality relied on the mise en scène of his obedience to the People's will (guarantor). Therefore, departing from a classical rhetoric's analysis, this article doesn't apprehend Chávez's « image of self » (image de soi) as a unilateral strategy of the orator, but rather as an interactive construction between the co-enunciators of a discursive community which possesses its own « corporality ». By imagining the « body » of the guarantor, the co-enunciators give existence to an abstract reference that they embody by accepting and reproducing the places set by the discourse, merging (becoming a body) in a series of discursive institutions and practices which give existence to discursive community. When Maduro deifies Chávez, with the intention of capturing his legitimacy, he also deposes the figure of the People as the guarantor of the community. By presenting himself as submitted to Chávez's will (from whom he is supposed to get his legitimacy and authority), Maduro doesn't appear to be obedient to the people, jeopardizing therefore the conditions of possibility (existence) of Chavism itself.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://rfsic.revues.org/1603