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Titre Torture et temporalité : Contribution à une sémiologie de « psychose traumatique »
Auteur Philippe Bessoles
Mir@bel Revue Cahiers de psychologie clinique
Numéro no 22, 2004/1 La cruauté
Rubrique / Thématique
Clinique
Page 141-157
Résumé Les traumatismes issues des tortures génèrent une sémiologie proche des psychopathologies psychotiques. Nous proposons, à la suite des travaux de S. Férenczi (1937), B. Bettelheim (1960), L. Bailly (1989) et F. Sironi (1999) une contribution à la notion de « psychose traumatique » à partir de la clinique des victimes de torture. La destruction des liens psychiques, sociaux, familiaux, culturels... caractérise l'anéantissement victimaire des personnes torturées. La symptomatologie d'apparence anxio-dépressive cache mal les angoisses agoniques, les sentiments de persécution, les retraits d'allure catatonique ou stuporeuse, les troubles de l'image du corps et, d'une façon générale les atteintes des bases narcissiques. La torture crée un lien agglutiné (J. Bléger, 1981) à la scène traumatique mais surtout au tortionnaire au travers de la pulsion d'emprise. La victime est sous influence y compris dans sa temporalité qui ne cesse de répéter, dans les reviviscence, les « figures de l'horreur ». La torture hypothéque les liens de filiation et d'affiliation par ses actes de violences sexuelles, de génocide, d'épuration ethnique ou déplacement de population. Détruire la sensorialité est la « technique » des tortionnaires dont l'ultime fin est la dépersonnalisation prise en otage entre « parle, sinon on continue » et « si tu parles, on recommence ».
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The torture's pathologies produce a semiology near psychotic's psychopathologies. We propose, following the works of Ferenczi (1937), B. Bettelheim (1960), L. Bailly (1989) and F. Sironi (1999) a contribution to the notion of « traumatic psychosis » about victims of torture. The destruction of the psychic, social, domestic, cultural links,... characterize the victim breakdown. The symptom is not anxious-depressive appearance hides badly the agony fears, the feelings pursuit, the catatonic and stupor retreats, the confusion of the image of the body and, in a general way the infringements of narcissitic bases. The torture creates an agglutinated bind (J. Bléger on 1981) in traumatic scene but, especially to the executioner through the drive of influence. The victim is under influence including in her temporality which does not stop repeating, and lives again « picture of horror ». The torture destroy filiation binds by its acts of sexual violence, genocide, ethnic purge or movement of population. To destroy the sensoriality is the « process » of the executioners. The ultimate end of which is the taken hostage depersonalize enters « speak, otherwise one continue » and « if you speaks, one begins again ».
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPC_022_0141