Titre | La délibération préalable à la décision majoritaire : justification substantielle ou procédurale ? | |
---|---|---|
Auteur | Didier Mineur | |
Revue | Raisons Politiques | |
Numéro | no 60, décembre 2015 Un texte, un auteur : Andrew Abbott | |
Rubrique / Thématique | Varia |
|
Page | 129-147 | |
Résumé |
Les défenseurs d'une conception substantielle de la démocratie s'emploient à établir la vertu épistémique de la décision à la majorité, soit sa capacité à produire des décisions justes ou sages. Pour nombre d'entre eux, c'est le fait que le vote ait été précédé par une délibération qui donne à son résultat de bonnes chances d'être correct. Cet argument se heurte pourtant à une objection forte : il n'existe aucun critère indépendant de la rationalité permettant de vérifier la qualité substantielle de la délibération et de la décision majoritaire qui la conclut. L'ambition épistémique de la discussion ne saurait donc correspondre à la poursuite de la vérité, mais seulement à la recherche d'un accord. La règle de majorité, quant à elle, ne peut se justifier que comme procédure équitable de décision lorsque l'accord, précisément, ne se produit pas. Dès lors, si la délibération préalable accroît la légitimité de la décision à la majorité, ce n'est donc pas parce que la décision majoritaire obtenue à l'issue d'une discussion doit être considérée comme étant objectivement plus raisonnable que l'avis de la minorité, mais parce que, sur fond de désaccord, elle a donné à chacun la possibilité de convaincre les autres et de réaliser l'accord autour de son point de vue. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Résumé anglais |
Does deliberation increase the legitimacy of the majority rule? Procedural and substantial arguments Upholders of a substantial conception of democracy strive to establish an epistemic virtue of the majoritarian decision, that is, its likeliness to bring about fair or wise decisions. A great many of them consider that it is the preliminary deliberation that endows the decision with likeliness to correctness. However, there is a serious objection to such an argument: there does not exist any free-standing rational criterion which would allow any assessment of the substantial quality both of the deliberation and of the decision that brings it to an end. Therefore the epistemic claim of the discussion is not to follow the path to truth, but rather to follow a path towards an agreement. The majority rule, accordingly, is not justified but as a fair decision procedure when persisting conflicts prevent any agreement to occur. So on, if deliberation is to be considered as enhancing the legitimacy of the subsequent majority decision, it is not because of the alleged reasonableness of a decision following a discussion, but rather because, as moral disagreement persists, it gives each and everyone the opportunity to speak her own voice and thereby to convince the others, and rally them to her point of view. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_060_0129 |