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Titre Les mystères de la liquidité. Plaidoyer pour la « bonne » transformation bancaire
Auteur Olivier Davanne
Mir@bel Revue Revue française d'économie
Numéro Vol. XXX, no 2, octobre 2015
Page 49-91
Résumé Comment le système financier peut-il assurer un financement stable des investissements physiques, tout en satisfaisant l'exigence de liquidité des investisseurs financiers qui souhaitent généralement pouvoir récupérer leurs fonds en cas de besoin ? Cet article examine le rôle des différents intervenants dans ce qui ressemble à une mystérieuse quadrature du cercle. Les marchés secondaires de titres, les fonds collectifs d'investissement et les banques fournissent de façon complémentaire ou en compétition les uns avec les autres ces services de liquidité. Pour ces dernières, nous distinguons la « bonne » de la « mauvaise » transformation bancaire. La première est celle que les banques réalisent en portant des prêts dans leur bilan et en émettant en contrepartie des titres longs (actions, obligations) assez facilement négociables sur les marchés secondaires. A partir de prêts peu négociables aux ménages ou aux entreprises, les banques « fabriquent » ainsi des titres à moyen terme de risques variables (actions, obligations senior ou subordonnées, covered bonds) et à la liquidité considérablement améliorée. Mais les banques ne s'arrêtent généralement pas à cette première étape de transformation : elles procèdent aussi à des titrisations et surtout à de la transformation de maturité, en finançant à court terme les prêts à long terme. Nous insistons ici sur le rapport coût/bénéfice négatif de cette dernière « couche » de transformation : elle encourage le « court-termisme » des investisseurs, rend les banques vulnérables aux « runs » et nourrit le risque systémique. Nous soulignons aussi la responsabilité des pouvoirs publics dans les graves dysfonctionnements observés sur le marché de la liquidité. La fiscalité et le relatif laxisme observé dans la régulation des fonds d'investissement pénalisent la « bonne transformation » bancaire en encourageant la désintermédiation (i.e. les fonds collectifs d'investissement et les marchés secondaires au détriment des banques). Ces distorsions néfastes devraient être corrigées. En parallèle, de généreux prêteurs en dernier ressort subventionnent et encouragent la transformation de maturité en assurant les banques contre les risques de « run ». Ils sèment ainsi les germes de la crise suivante. Un autre mode de gestion des crises de liquidité semble cependant possible.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The Liquidity Mysteries. Pleading for the « Right » Banking Transformation. How does the financial system ensure a stable funding of physical investments, while meeting the liquidity requirement of financial investors, who generally want to be able to get back their funds if needed ? This article examines the role of different market participants in what looks like mysterious efforts to square the circle. The secondary securities markets, collective investment funds and banks provide complementary or in competition with each other these liquidity services. For the latter, we distinguish the « right » from the « bad » banking transformation. The first is what banks realize when they keep loans on their balance sheets and issue in exchange some long securities (stocks, bonds) quite easily marketable in secondary markets. From hard to negotiate loans to households and companies, banks are able to « manufacture » medium-term securities of varying risks (equities, senior or subordinated bonds, covered bonds) and with a much improved liquidity. But banks do not usually stop at this first stage of transformation : they also carry out securitisations and more importantly proceed to maturity transformation, i.e. short-term financing of long-term loans. We insist here on the negative cost-benefit ratio of this last « layer » of transformation : it encourages the « short-termism » of investors, makes banks vulnerable to « runs » and nourishes systemic risk. We also emphasize the responsibility of the authorities in the severe dysfunctions observed in the liquidity market. The tax system and the loopholes observed in the regulation of investment funds penalize the « right” banking transformation and encourage the disintermediation process (i.e. collective investment funds and secondary markets at the expense of banks). These harmful distortions should be corrected. In parallel, the generous lenders of last resort subsidize and encourage the transformation of maturity by protecting banks against the risk of « run ». They are thus sowing the seeds of the next crisis. Yet, other better ways to manage liquidity crisis seem possible.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFE_152_0049