Contenu de l'article

Titre De la dénazification à la sanction des communistes : le devoir de fidélité des fonctionnaires ouest-allemands à l'épreuve
Auteur Marie-Bénédicte Vincent
Mir@bel Revue Revue historique
Numéro no 676, octobre 2015
Page 899-924
Résumé Cet article a pour objet l'étude de l'épuration anticommuniste dans la fonction publique ouest-allemande des années 1950 et 1960. Fondé sur le dépouillement de procédures disciplinaires, il analyse ce que l'institution entend par « devoir de fidélité » des fonctionnaires envers l'ordre démocratique constitutionnel de la RFA. Pour ce faire, l'article envisage la longue durée de la « fonction publique professionnelle » depuis le XIXe siècle et la manière dont le « devoir de fidélité » a été formulé sous divers régimes (la monarchie prussienne, la République de Weimar, le régime national-socialiste), afin de comprendre où se situe le renouvellement après la Seconde Guerre mondiale. La thèse défendue ici est que le renouvellement normatif forgé pour tirer un trait sur le nazisme, principalement dans la Loi fondamentale de 1949 et la loi fédérale sur les fonctionnaires de 1953, a été utilisé à l'encontre d'une autre population cible, les communistes, non seulement dans le contexte géopolitique de guerre froide, mais aussi dans celui de la réintégration massive des anciens fonctionnaires du régime nazi, qui défendent leurs positions professionnelles et leurs carrières face aux individus recrutés ou revenus après le 8 mai 1945. La sanction disciplinaire de l'adhésion aux partis KPD ou SED et plus généralement du militantisme communiste offre un contrepoint peu connu à la répression pénale des communistes en RFA et permet de s'interroger sur l'arrière-plan social des pratiques anticommunistes de la fonction publique à l'échelle individuelle.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This paper focuses on the study of the internal purges against communists in the West German Civil Service during the 1950s and 1960s. Based on the exploration of several disciplinary procedures, it analyses the way in which the institution understands the “duty of loyalty” of its civil servants since the establishment of the democratic order. The article considers first the long duration of the “professional civil service” since the 19th century and the way in which this “duty of loyalty” has been elaborated and formulated in different regimes, including the Prussian Monarchy, the Weimar Republic and the Nazi Regime, in order to understand the changes at work after the Second World War. The thesis defended here is that the normative change observed in the Constitution of 1949 and the federal Law of the civil service of July 1953 has been used to purge a population different from former Nazis: namely the communists. Our hypothesis is that this internal purge of the civil service in the 1950s and the 1960s took place not only because of the Cold War, but also because the former Nazi civil servants had been reintegrated in the public administrations thanks to the generous policy of amnesty and rehabilitation implemented in West Germany, so that they wanted to defend their positions and their professional interests against the antifascists who had joined the civil service after the 8 May 1945. The disciplinary sanction against communist activism and KPD or SED membership in the civil service offers an interesting mirror of the now well known penal lawsuits against communists in West Germany. It allows us to reflect on the social background of anticommunist practices at the individual level.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHIS_154_0899