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Titre Des usages inattendus d'un dispositif institutionnel : Mises en valeur de l'interstice clinique
Auteur Elodie Leenaert, Marie Vervecken
Mir@bel Revue Cahiers de psychologie clinique
Numéro no 46, 2016/1 Cadres et institutions
Rubrique / Thématique
Questions de dispositifs
Page 55-84
Résumé Que vient faire une personne dans un lieu de soin ? En nous penchant sur cette question, nous mettons en évidence un triple interstice irréductible, structurant toute pratique clinique. Une disjonction surgit entre mandat institutionnel et subjectif, entre une prise en charge axée autour de son but ou de sa cause et, entre ce que l'un croit dire, ce qu'il dit et encore, ce que l'autre entend.Nous émettons l'hypothèse que ce triple interstice est clinique, c'est-à-dire qu'il constitue une opportunité de mise au travail. Nous mettons cette hypothèse à l'épreuve du terrain via deux constructions de cas issues de notre recherche dans deux institutions de rééducation fonctionnelle aux indications différentes.Au confluent des contraintes institutionnelles et subjectives, nous examinons les usages que font ces deux sujets des dispositifs institutionnels. Il en ressort que l'usage singulier est la règle, inhérent à la logique de chaque cas, puisque toute institution est inadaptée à un sujet qu'elle n'a pas encore rencontré. Il en ressort aussi que leurs difficultés, épinglées comme fonctionnelles, découlent des difficultés qu'ils rencontrent dans le lien à l'autre. Ces sujets viennent, contrairement à ce qui est prévu par les mandats institutionnels, soigner ce lien ce qui, dans une boucle rétroactive, a un effet d'apaisement sur leur propre personne.Dans la rencontre clinique, un pari raisonnable est donc à faire en accueillant l'inattendu. Loin de constituer un frein, les interstices que nous mettons en exergue, si nous y prenons garde, soutiennent la constitution d'une institution trouée protéiforme, c'est-à-dire qui se prête aux multiples usages qu'en font les sujets qui s'en saisissent. Il s'agit donc de soutenir un cadre tel qu'il puisse soutenir en retour les façons qu'a le sujet d'y prendre appui.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais What brings someone to a clinical setting? By addressing this question, we uncover a triple irreducible gap structuring every clinical practice. A disjunction arises between institutional and subjective mandates, between therapeutic support focused on its purpose or on its cause and between what one believes they said, what they are actually saying and furthermore, what the other understands. We hypothesize that this triple gap is clinical, which means that it presents a work opportunity. We challenge this hypothesis by conducting two case studies stemming from our research in two institutions of functional re-education with different indications. At the confluence of institutional and subjective constraints, we examine how these two subjects make use of the institutional devices. It appears that the singular use of the institution is the rule, inherent to each case's logic, as every institution is unsuited to a particular subject as long as no meeting has taken place. It also turns out that the subjects' difficulties, labelled as functional, result from the problems they are facing in their interpersonal bonds. In contrast to what is planned by the institutional mandates, the subjects come to improve these bonds. This, by retroaction, has a calming effect on themselves. During the clinical meeting, a reasonable gamble has to be taken in order to embrace the unexpected. Far from being a hindrance, the gaps that we highlight, if they are properly taken into account, support the creation of a protean institution, i.e. an institution that allows different uses by its subjects. Therefore, the goal is to promote a setting capable of supporting various uses for each subject.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPC_046_0055