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Titre Social entrepreneurship : From value-based skepticism to conditional practice
Auteur Patrick Valeau, Jérôme Boncler
Mir@bel Revue Revue Interdisciplinaire Management, Homme & Entreprise — RIMHE
Numéro no 9, novembre-décembre 2013 International
Page 46-64
Résumé L'entrepreneuriat social constitue à la fois une théorie et une pratique construite aux Etats-Unis à la fin des années 90 et importées en France au cours des années 2000. Nous examinons tout d'abord quelques-uns des textes fondateurs de ce mouvement et résumons ainsi : 1. Un management hybride consistant à utiliser des outils des entreprises pour produire des biens et services contribuant plus efficacement aux finalités sociales ; 2. Des financements hybrides, en évitant autant que possible de dépendre des fonds publics ; 3. Des statuts hybrides ne se limitant pas au secteur non lucratif. L'objectif de cet article est d'étudier scientifiquement les attitudes et pratiques des leaders des associations, autrement dit des membres des bureaux et des cadres, vis-à-vis de l'entrepreneuriat social. La question n'est pas de savoir s'ils se sont ou non approprié l'expression « entrepreneur social », mais s'ils appliquent ses principes. Nos questions de recherche consistent à identifier sur quelles voies entrepreneuriales s'engagent ces leaders et dans quelle mesure les recommandations de la littérature en entrepreneuriat social sont compatibles avec leurs représentations et leurs pratiques. Cet article étudie ainsi les « cadres de références » (Watzlawick et al, 1975) et les « rationalités » (Simon, 1947; Weber, 1921) de ces acteurs.A partir des données de 35 entretiens semi-directifs, nos résultats montrent que, au-delà des barrières idéologiques, les leaders des associations sont d'ores et déjà confrontés à ces enjeux, essayant de trouver des voies de gestion management équilibrées entre pragmatisme et respect de leurs valeurs. Compte tenu de leurs principes sociopolitiques militants, ils développent parfois des opinions fortement négatives vis-à-vis de l'entrepreneuriat social qu'ils voient comme un concept lucratif, d'un autre côté ils adoptent des attitudes plus modérées sur les questions d'efficacité, de diversification des ressources et de compétitions en vue de résoudre les problèmes auxquels ils se retrouvent confrontés en pratique. Cela dit, nous remarquons que la culture du secteur associatif pose des limites éthiques au-delà desquelles ils refusent d'aller.Partant de là, cet article explore une version de l'entrepreneuriat social mieux adaptée à la culture du secteur associatif français. L'une des principales innovations de ce secteur consiste à « faire d'une pierre plusieurs coups », en proposant de nouveaux services tout en créant des liens entre les parties-prenantes. Les cadres de références et les schèmes mentaux (Piaget, 1971) qui sous-tendent l'entrepreneuriat social ne permettent pas de percevoir et de valoriser ce type de performances. Les principes de l'entrepreneuriat social tels qu'introduit en France, se réfèrent souvent à la notion d'utilité sociale, mais l'atteinte de ce but justifie-t-elle tous les moyens techniques et économiques ? Nous appelons à une adaptation de l'entrepreneuriat social intégrant des formes de rationalités en valeur.Le cas présenté à la fin de l'article illustre cette voie possible entre l'entrepreneuriat social et un militantisme confirmé aux valeurs du secteur associatif français. Ce jeune diplômé jugeait tout d'abord que l'association qui l'avait recruté était très mal gérée (étape 1), les logiques d'action des salariés et bénévoles autour de lui le déroutaient (étape 2), avant de progressivement mieux comprendre leur système de valeurs et d'y adhérer, devenant à son tour à un authentique militant (étape 3).
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The French nonprofit sector could be a field of application for social entrepreneurship principles, yet French experts and researchers have expressed some reservations about what they perceive as a concept rooted in the US context. On the other hand, little has been reported about the views of leaders of nonprofit organizations. To what extent are their attitudes, but also their practices, compatible with the principles of social entrepreneurship? Social entrepreneurship (SE) is both a theory and a practice born in the USA at the end of the 90s and imported to France during the following decade. We first examine some of its founding texts and summarize its principles as follows: 1) Hybrid management. SE consists in using tools from the business sector in order to produce goods and services more efficiently contributing to social goals; 2) Hybrid finances. SE avoids depending on public subsidies as far as possible; 3) Hybrid status. SE is not limited to the nonprofit sector. It can take and combine any kind of structure whatever its status. The purpose of this paper is to study the attitudes and practices of the leaders of NPOs i.e. members of the board and managers, in relation to SE principles, following a scientific approach. We are not concerned with whether or not they have appropriated the term ‘social entrepreneurship', but rather whether they apply its principles. Our research questions concern the entrepreneurial and management pathways in which these leaders are engaged and to what extent the recommendations of the SE literature are compatible with their representations and practices? Thus, this paper studies the frames of references (Watzlawick et al, 1975) and the rationalities (Simon, 1947; Weber, 1921) of these actors. Based on 35 semi-directive interviews, our results show that, beyond ideological barriers, nonprofit managers are already dealing with these three issues, trying to find a sustainable management pathway between pragmatism and the respect of their core values. Based on their sociopolitical activist principles, they may have strong negative opinions about a SE approach often perceived as a for-profit concept. On the other hand, they need to adopt more moderated attitudes toward issues such as efficiency, diversity of resources and competition in order to work out the management problems they experience in the field. However, we also suggest that the culture of French NPOs introduces an ethical bottom line beyond which they will not go. Thus, this paper explores a version of social entrepreneurship more adapted to the French nonprofit culture. One of the main innovations of the nonprofit sector consists in “killing several birds with one stone”, by producing new services and at the same time creating a social network of stakeholders. The framework of references and processes of thought (Piaget, 1971) underlying SE principles do not allow people to perceive and value these kinds of performances. SE principles, as introduced in the French context, often refer to social utility, yet does the efficient achievement of social goals justify all technical and economic means? We call for adaptations integrating ‘valuebased rationality'.The case presented at the end of the text illustrates a possible pathway from SE to an activism conforming to the values of the French nonprofit sector. This young graduate at first saw his NPO as a badly managed service (step 1). He was confused about the logic of action of the people around him (step 2). He then progressively began to understand and to subscribe to their value system, becoming, in turn, an efficient activist (step 3).
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RIMHE_009_0046