Contenu de l'article

Titre Les femmes et le droit (pénal) international
Auteur Isabelle Delpla
Mir@bel Revue Clio : Histoires, femmes et société
Numéro no 39, 2014 Les lois genrées de la guerre
Rubrique / Thématique
Regard complémentaire
Page 183-204
Résumé Alors que le Tribunal de Nuremberg n'avait pas traité spécifiquement des crimes sexuels ou du genre des victimes, depuis une vingtaine d'années, l'évolution du droit international, notamment pénal, a été marquée par une prise en compte de la dimension sexuée des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et des génocides. Les tribunaux pénaux internationaux pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), celui pour le Rwanda (TPIR) et la Cour pénale internationale (CPI) ont porté une attention particulière aux violences sexuelles et aux femmes victimes de guerre. Pourtant les femmes ne sont pas dans une simple relation binaire aux lois de la guerre, en position de victimes (potentielles) ou d'actrices (moins probables) de leurs violations. Elles peuvent avoir d'autres rôles d'actrices de leur élaboration ou application, à titre d'enquêtrices, procureures, avocates ou juges, témoins ou expertes. Cet état de la recherche considérera d'abord les tribunaux internationaux comme producteur et médium de la recherche sur les femmes et les lois de la guerre. Il envisagera ensuite la diversité des figures féminines, sujets ou objets de ce droit et de cette justice : juristes, criminelles, victimes ou combattantes. Significativement, des questionnements semblables se retrouvent dans ces différents cas : la « féminité » est-elle un facteur explicatif spécifique ou finalement secondaire, un stéréotype à déconstruire ? Y a-t-il une continuité entre temps de paix et temps de guerre dans le rapport des femmes à la violence criminelle ? La limitation des rôles féminins est-elle le produit d'un droit international étatique ou l'expression plus large d'une domination masculine dans les pratiques guerrières ?
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais While the Nuremberg Tribunal did not deal specifically with sex crimes or the gender of victims, over the last twenty years, the evolution of international law, especially regarding criminal offences, has been characterized by a consideration of the gendered dimension of war crimes, crimes against humanity, and genocide. The International Criminal Tribunals for the former Yugoslavia (ICTY), for Rwanda (ICTR) and the International Criminal Court (ICC) have paid particular attention to sexual violence and women victims of war. Yet women are not in a simple binary relationship to the laws of war, i.e. as (potential) victims, or (less likely) agents of their violations. They may play other roles in promoting their elaboration or application, as investigators, prosecutors, defense lawyers or judges, witnesses or experts. This overview of current research will first consider international tribunals as both producer and medium of research on women and the laws of war. It will then consider the diversity of female figures as subjects or objects of these laws and justice, i.e. lawyers, criminals, victims and combatants. Similar questions can be found in these different cases : is “femininity” a specific explanatory factor, or in the end a secondary one, a stereotype to be deconstructed? Is there continuity between peacetime and wartime in the relationship of women to violence? Is the limitation of women's roles the product of international law or the expression of a wider male domination in the waging of wars?
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://clio.revues.org/11918