Contenu de l'article

Titre La communauté de pêcheurs de Taperebá (Amapá- Brésil) face à la création du Parc national du Cabo Orange
Auteur Brunna Crespi, Pauline Laval, Catherine Sabinot
Mir@bel Revue Espace Populations Sociétés
Numéro no 2-3, 2014 Populations et territoires du Brésil
Rubrique / Thématique
Articles
Résumé Dans les années 90, Oiapoque, ville brésilienne frontalière de la Guyane française, a connu une importante vague de migration de familles de pêcheurs venant du village de Taperebá, situé à l'embouchure du fleuve Cassiporé. En effet, la population de Taperebá a été contrainte d'abandonner les terres sur lesquelles elle habitait, suite à l'imposition d'un parc naturel : le Cabo Orange. Cette migration a conduit les Taperebenses à abandonner leur système économique basé sur l'autoproduction et le troc, et à s'adapter au mode de vie urbain, tant au niveau de l'habitat, des activités que des relations sociales. C'est ce processus que nous proposons de décrire et d'analyser dans cet article.Dans un contexte de vulnérabilité dû à la difficulté d'accès à la terre, à la santé et à l'éducation, cette communauté de pêcheurs se trouve aujourd'hui dans un processus de changement de vie et de pratiques, qui a par ailleurs des conséquences non négligeables sur la ressource halieutique. Selon les pêcheurs, leur expulsion de l'embouchure du Cassiporé, le criadouro (berceau) des poissons, a été la cause de la diminution de l'abondance piscicole dans les eaux de la région. Auparavant, avec la présence de ces communautés sur le Cassiporé, la zone était très peu fréquentée par les pêcheurs non-riverains : elle était protégée et gouvernée par un code de conduite tacite existant entre pêcheurs ainsi que par l'emploi d'engins de pêche respectueux de l'environnement. Suite à l'exode de la population, ces zones sont devenues inhabitées, laissant l'espace ouvert et sans surveillance, entraînant une surexploitation des ressources et des changements socio-environnementaux cruciaux.En adoptant une approche ethnographique et géographique et en nous appuyant principalement sur les données collectées en 2013 durant cinq mois d'observation participante, d'entretiens directifs et semi-directifs auprès des habitants de Taperebá et d'autres pêcheurs d'Oiapoque, nous décrirons et analyserons comment les familles de Taperebá se sont principalement réunies à Oiapoque dans le quartier Olaria. Nous observerons en quoi la migration a été un facteur de changements de savoirs et pratiques majeurs, tout en développant une cohésion sociale forte et une territorialité marquée, que nous définirons en analysant les dynamiques passées et actuelles.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais In the nineties, Oiapoque, Brazilian city on the border with French Guiana, knew a large migration wave of fishermen's families coming from the village of Taperebá, located at the mouth of the Cassiporé river. Indeed, the population of Taperebá was forced to withdraw from the lands on which they lived, by the imposition of a natural park: the Cabo Orange. Taperebenses, who used to live on subsistence economy, had to develop new modes of habitat, subsistence and new mode of interactions with their land, which we propose to describe and to analyze in this article. In a context of vulnerability due to the difficulty of access to land property, health care and education, this fishermen's community is today in a process of changing way of life and practices, which in addition has considerable consequences on the fishing resources. Indeed, according to fishermen, their expulsion of Cassiporé, the criadouro (cradle) of fishes, was the cause of the reduction in fish abundance in waters of the area. Previously, with the presence of these communities on the Cassiporé river, very few nonresident fishermen attended the zone: it was protected and controlled by the law of the existing respect among fishermen as well as by the use of environmental respectful fishing tools. After the expulsion of the population, these zones became uninhabited, leaving open and monitoring free spaces, which caused an over-exploitation of resources by industrial boats and crucial socio-environmental changes.Adopting an ethnographic and geographical approach and basing our analyze on data collected in 2013 during five months of participating observation, when we conduct directing and semi-directing talks within the inhabitants of Taperebá and other fishermen of Oiapoque, we will describe and analyze how the families mainly gathered in Oiapoque at the Olaria district. We will observe how migration was a factor of major changes of knowledge and practices, while developing a strong social cohesion and a marked territoriality, which we will define by analyzing some past and current dynamics.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://eps.revues.org/5874