Contenu de l'article

Titre L'esprit selon Kant
Auteur László Tengelyi
Mir@bel Revue Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT
Numéro Tome 85, no 1, 2001 Idéalisme allemand et philosophies de l'esprit
Rubrique / Thématique
Idéalisme allemand et philosophies de l'esprit
Page 11-22
Résumé Dans la Critique de la faculté de juger, le mot Geist désigne la faculté de présenter des idées esthétiques, alors que le terme d'idée esthétique se réfère à une intuition pour qui on ne peut jamais trouver un concept adéquat. Kant fait usage de cet excès de l'expérience sur la pensée, de ce débordement par l'intuition du concept, non seulement pour définir le beau comme l'expression d'idées esthétiques, mais il l'utilise également pour mettre en lumière les caractéristiques principales de l'usage logique de la faculté de juger réfléchissante. Cet usage a pour tâche de rendre possible l'application de la logique à la nature. Il est montré dans l'étude que l'une des conditions indispensables pour achever cette tâche est la présupposition d'une cohésion d'intuitions sans concept qui, saisi par l'imagination dans l'appréhension des objets de la nature, sert de point d'appui pour la formation, par l'entendement, d'un concept défini tout en en débordant la présentation. Il serait, bien évidemment, incompatible avec les principes de la philosophie critique de tenir cette cohésion sans concept pour une similarité — ou, pour parler comme Kant lui-même, « affinité » — inhérente aux choses de la nature, mais il serait non moins infondé de la considérer comme un simple produit de notre faculté de spontanéité. L'idée d'une « technique » de la faculté de juger réfléchissante permet de surpasser cette fausse alternative. Loin d'imposer une loi à la nature, la faculté de juger réfléchissante cherche à découvrir dans le divers intuitif une cohérence qui lui sert de règle. C'est pourquoi elle n'est pas seulement capable de mettre à l'épreuve la présentation des concepts empiriques déjà formés, mais tout aussi bien de susciter la formation — et même la transformation réitérée — de nouveaux concepts. Il n'est pas exagéré de dire que, par cette conception d'une « technique » de la faculté de juger réfléchissante, la philosophie transcendantale rend justice à l'autre de tout ce qui est transcendantal.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In the Critique of Judgement, the term ‘spirit' designates the faculty of presenting aesthetic ideas, whereas the term ‘aesthetic idea' refers to an intuition which has no adequate conceptual counterpart. The notion of a surplus of intuition over concept is, in the third Critique, not only used to redefine beauty in terms of an expression of aesthetic ideas, but it is designed to shed some light on the basic features of the logical use of reflective judgement as well. Kant assigns to this use the task of making possible the application of logic to nature. Il is shown in the paper that one of the necessary conditions for performing this task is to presuppose a cohesion of intuitions without concepts wich is grasped by imagination in the course of apprehending objects of nature and serves as a starting-point for the formation of a determinate concept by understanding, even if it transcends the limits of the presentation of this concept. It would certainly be incompatible with the principles of Kant's critical philosophy to interpret this cohesion without concepts as a similarity — or, to use a characteristically Kantian term, ‘affinity' — inherent to things of nature. However, it would be no less arbitrary to consider it as a mere product of human spontaneity. The idea of a ‘technique' of reflective judgement makes it possible to transcend this false alternative. Far from imposing a law on nature, reflective judgement is in search of a coherence in manifold intuition which mighte serve as a rule. That is why it is not only apt to put the presentaiton of already formed empirical concepts to the test, but it is equally capable of preparing and guiding the formation — and the repeated transformation — of new concepts. There is no exaggeration in saying that, by this conception of a technique of reflective judgement, transcendental philosophy is made able to do justice to other of what is transcendental.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RSPT_851_0011