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Titre « Penser global, agir dans un bocal » : Participation locale, régulation néo-libérale et situation autoritaire en Tunisie (2006-2010)
Auteur Amin Allal
Mir@bel Revue Gouvernement & action publique
Numéro no 2, avril-juin 2016 L'État participatif
Rubrique / Thématique
L'État participatif
Page 153-181
Résumé La pratique développementiste en Tunisie offre un cas intéressant de la manière dont s'effectue la traduction de la rhétorique internationale de la « participation » dans les langages du pouvoir domestique. L'analyse de projets de développement dits « participatifs », mis en œuvre à partir de la fin des années 1990 par les organisations internationales, illustre bien la fluidité systémique entre les dynamiques de l'ordre autoritaire et la réforme néo-libérale dans laquelle ces projets s'inscrivent. Si les effets de ceux-ci sont variables, ils constituent des ressources et ressorts du renouvellement du contrôle politique dans les situations autoritaires. À partir d'une analyse des projets mis en place dans la région de Gafsa dans le Sud tunisien, nous montrerons que la « participation locale » promue devient une grammaire hégémonique permettant de reformuler la fable du pouvoir du régime Ben Ali. Au-delà de sa portée légitimante, la « participation » est aussi l'occasion d'une domestication du secteur associatif et d'un redéploiement de la surveillance politique. En cela, la « participation » rejoint les caractéristiques d'un gouvernement autoritaire tout en offrant une opportunité pour des dominés de se greffer à ces processus développementistes. Mais ces trajectoires d'intégration subalterne ne se font qu'à travers la conformité au parti-État. Elles traduisent l'atomisation des opportunités de mobilités sociales et l'auto-entreprise individuelle de soi caractéristiques de la donne néo-libérale.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais “Think global act in a bottle”The analysis of development practices in Tunisia helps to highlight how the global discourse of “participation” is translated into local languages of power. So-called “participatory” projects of development have been undertaken by international organisations in this country since the 1990s. They well illustrate the systemic relation between authoritarian dynamics and neoliberal reforms which they are part of. Although these projects may have variable effects, they provide resources and means of renewing political control in authoritarian contexts. Based on the empirical study of participatory projects in the southern region of Gafsa, this article will show how the locally promoted “participation” became a hegemonic grammar in which Ben Ali's regime reformulated its discourse of legitimacy. “Participation” also enabled the regime to deploy new patterns of political surveillance and to enforce the domestication of civil society. “Participation” thus supports authoritarian rule while giving subaltern subjects the opportunity to take part in development projects. But these trajectories of subaltern integration are possible only through integration to the official party in power, deeply entrenched in the state (RCD). These trajectories correspond to neoliberal processes such as the atomization of social mobility and the promotion of self-help and individualized logics.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=GAP_162_0153