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Titre « Envoyer les fantômes au musée ? »
Auteur Catherine Coquio
Mir@bel Revue Gradhiva : revue d'anthropologie et de muséologie
Numéro no 5, 2007 Sismographie des terreurs
Rubrique / Thématique
Dossier : Sismographie des terreurs
Page 38-51
Résumé Le texte pose la question de la fonction anthropologique de la culture muséale des camps et catastrophes historiques – la Shoah, Hiroshima, Kigali – à travers le point de vue de rescapés sur le « kitsch concentrationnaire » : il expose la mise en forme littéraire de cette critique chez deux témoins des camps nazis, dont l'œuvre tardive s'inscrit sur un mode à la fois créateur et iconoclaste dans la « culture de l'Holocauste » en mettant en cause, et en scène, la visite au camp : Ruth Klüger, dans son récit de déportation Refus de témoigner (1992) ; Imre Kertész, dans la parabole allégorique Le Chercheur de traces (1977 puis 1998, c'est-à-dire après et avant la chute du Mur). La première interprète la culture muséale des camps comme « superstition » attachée au lieu des morts – fantômes qu'il faudrait au contraire réveiller par une invocation singulière. Le second interroge la proximité de la ville-musée et du camp-musée – Weimar et Buchenwald – en scénographiant la visite au camp comme une apocalypse du faux. Les deux auteurs s'imaginent en « sorcière » et en « envoyé », construisant une figure de témoin par un procédé de distanciation littéraire dont il faut saisir là aussi la fonction. Tous deux tracent ainsi un seuil entre l'art et le kitsch, et par là entre l'humain et l'inhumain tels qu'ils se manifestent dans les formes culturelles de la mémoire : l'art continue de s'automythifier alors qu'il se décompose sous l'effet du déni touristique et idéologique.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais The text poses the question of the anthropological function of the museum culture of concentration camps and historical catastrophes —the Shoah, Hiroshima, Kigali, etc.—through survivors' viewpoints on “concentration camp kitsch”. It presents the literary shape taken by such a critique in the hands of two eye witnesses of Nazi camps, their work—long in the making—both a creative and iconoclastic addition to holocaust culture, spotlighting and implicating the camp visit—Ruth Klüger, in the account of her deportation Refus de témoigner (1992), and Imre Kertész in the allegorical parable Le Chercheur de traces (1977 then 1998, i.e. before and after the fall of the Wall). The first interprets museum concentration camp culture as “superstition” attached to the place of the dead—ghosts that, on the contrary, should be reawakened by determined invocation. The second calls into question the proximity of the museum-town and the museum-camp—Weimar and Buchenwald—by portraying the camp visit as an Apocalypse of the False. Both authors assume the roles of “sorcerer” and “messenger”, constructing the countenance of the witness through a process of literary distancing, whose purpose must also be understood. Both writers draw a line between art and kitsch, and, by so doing, between human and inhuman as they are to be seen in cultural forms of memory—art continues to mythicise itself, while decaying under the effect of tourist and ideological denial.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://gradhiva.revues.org/735