Titre | Les statues d'Ambedkar en Inde | |
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Auteur | Nicolas Jaoul | |
Revue | Gradhiva : revue d'anthropologie et de muséologie | |
Numéro | no 11, 2010 Grands hommes vus d'en bas | |
Rubrique / Thématique | Dossier. Grands hommes vus d'en bas |
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Page | 30-35 | |
Résumé |
Cet article revisite, du point de vue de la culture matérielle, un épisode majeur de l'histoire de la démocratie en Inde. La façon dont sont repris certains attributs typiques d'une stylistique officielle dans les statues d'Ambedkar installées par les militants dalits dans l'État de l'Uttar Pradesh invite à réfléchir aux usages populaires de l'officialité. Les multiples distorsions subies par l'esthétique officielle une fois retranscrite dans une esthétique du bazar, avec des moyens artisanaux, offrent une image du pouvoir proche et familière, à l'opposé des mises en scène monumentales du pouvoir d'État par lui-même, tout en se nourrissant d'elles. Peut-on cependant se contenter de cette interprétation légitimiste en termes de « déformations » ? Loin d'être envisagé comme caricature ou parodie du pouvoir (on peut en revanche parler de « déforcement » de la violence symbolique de l'État, qui consiste à rendre cette autorité appropriable et manipulable), le recours populaire à l'officialité qui s'observe dans les pratiques militantes autour de ces statues semble répondre davantage à une façon de légitimer, de donner de l'autorité à l'idéologie anti-caste des dalits en tant que ressource symbolique mobilisable dans la lutte des dominés. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
This article revisits a significant episode in India's democratic history, looking at it from the perspective of material culture. The way in which certain aspects typical of official stylistics are taken up in statues of Ambedkar erected by Dalit militants in the state of Uttar Pradesh encourages us to think about popular uses of officialty. The multiple distortions that official aesthetics undergo as they are retranscribed in the aesthetics of the bazaar forge an image of power as something proximate and familiar. This both forms a contrast with state power's monumental enactments of itself, and simultaneously feeds into it. But is this legitimist analysis based on the idea of a “deformation” enough? Far from being a caricature or parody of power (we might, however, speak of a “deforcement” from the heat of symbolic state violence, thereby affording people a handle on its authority), popular recourse to or invocation of officialty as witnessed in the militant practices that surround these statues is better understood as a means of legitimising or bestowing authority upon the Dalit's anti-caste ideology. This becomes a symbolic resource that can be deployed in their struggle against oppression. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://gradhiva.revues.org/1645 |