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Titre Soli Deo Gloria
Auteur Antoine Hennion
Mir@bel Revue Gradhiva : revue d'anthropologie et de muséologie
Numéro no 12, 2010 La musique n'a pas d'auteur
Rubrique / Thématique
Dossier. La musique n'a pas d'auteur
Page 40-55
Résumé Le cas de Bach est intéressant à plusieurs titres par rapport à la question de l'autorité. À l'ethnomusicologue, le recours au classique sert le plus souvent à faire contraste avec les musiques orales, où les notions d'œuvre et d'auteur font problème (variation continue, création collective). Mais la leçon de Bach va dans le même sens. Soli Deo Gloria, il n'est d'autre créateur que Dieu : le plus grand des compositeurs se pensait en théologien, il n'a cessé de copier et de se copier, il n'a publié que ses ouvrages pédagogiques. Bach crée avant le régime de l'auteur. Mais cela n'empêche nullement le « père de la musique » d'être aujourd'hui apprécié selon ce régime, dont il est devenu un élément central. Cet article interroge cette ambivalence, qui entraîne de profondes incompréhensions, mais fait aussi mieux sentir l'intense travail de musicalisation qui nous sépare de Bach. À titre hypothétique, on réinterprète ainsi l'installation de Bach après la Passion selon saint Matthieu dans une position de compositeur « pur » durant les vingt dernières années de sa vie, non comme une victoire de l'artiste mais comme un repli du croyant craignant d'avoir été trop loin dans la mise en musique de la liturgie.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais The example of Bach provides an interesting case study in questions of authorship and this for a number of a reasons. Among ethnomusicologists, references to classical music generally serve as a counterpoint to oral music, where ideas of an “oeuvre” or of “authorship” are seen as problematic (e.g. continuous variation or collective creation). Yet Bach can be seen as doing much the same thing. Soli Deo Gloria implies that there is no creator but God: this greatest of composers constructed himself as a theologian –he incessantly copied others and himself and only published pedagogical works. Bach was composing prior to the modern regime of authorship, but this has not stopped the “father of music” from being appreciated in terms provided by this very regime, of which he has become a central cog. This article interrogates this ambivalence, which has led to serious misunderstandings, but also gives us a sense of the intense work of “musicalisation” that separates us from Bach. It then hypothetically reinterprets Bach's elevation to a position of “pure” composer in the last twenty years of his life (after St. Matthew's Passion) not as a victory of the artist, but as a believer's retreat in response to his fear of having gone too far in transforming liturgy into music.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://gradhiva.revues.org/1837