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Titre Les « voleurs intelligents »
Auteur Victor A. Stoichita
Mir@bel Revue Gradhiva : revue d'anthropologie et de muséologie
Numéro no 12, 2010 La musique n'a pas d'auteur
Rubrique / Thématique
Dossier. La musique n'a pas d'auteur
Page 80-97
Résumé Cet article explore les conceptions éthiques sous-tendant la pratique des musiciens professionnels tsiganes en Europe de l'Est, et plus particulièrement en Roumanie. Se présentant comme « fabricants d'émotion », les musiciens attribuent fréquemment leur succès économique à des valeurs comme la « ruse » ou la « malice ». Un bon musicien devrait être un « voleur intelligent », dans ses interactions avec les autres musiciens mais aussi avec les mélodies elles-mêmes. Les virtuoses jouent avec des « ruses » et celles-ci peuvent faire l'objet de « vols » entre musiciens.Ceux qui emploient le vocabulaire du vol ne condamnent pourtant pas ce comportement, et distinguent le vol des idées musicales de celui des biens matériels. Bien que les musiciens soient professionnels et considèrent la musique comme une activité commerciale, ils ne sont guère convaincus par l'utilité d'un système de copyright ou de « propriété intellectuelle ». Que signifie alors « voler » des ruses si personne ne les possède ? Comment cette habileté est-elle mise en rapport avec la créativité ? Quel est le modèle économique et moral de ces musiciens ? Comment interagit-il avec la notion de copyright ?
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article explores the ethical ideas that underpin the practice of professional Gypsy musicians in Eastern Europe and, more particularly, in Romania. These musicians present themselves as “creators of emotion” and frequently attribute their economic success to such values as “trickery” or “guile”. A good musician should be an “intelligent thief”, both in his interactions with his peers and with the melodies themselves. Virtuosi play with “trickery” and these tricks can also be “stolen” by other musicians.People who use this vocabulary of theft do not condemn it, but distinguish between the theft of musical ideas and that of material possessions. Although they are professional musicians who consider their music to be a commercial undertaking, they remain sceptical as to usefulness of copyright or “intellectual property rights”. What then does it mean to “steal” tricks if they belong to nobody? How is this thief's dexterity related to ideas of creativity? What sort of economic and moral models do these musicians hold to? And how does it relate to notions of copyright?
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://gradhiva.revues.org/1856