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Titre L'aéroport à Raivavae (Australes) : développement économique, migrations et identités
Auteur Gwendoline Malogne-Fer
Mir@bel Revue Journal de la Société des Océanistes
Numéro no 119, 2004 Spécial Polynésie Française
Rubrique / Thématique
Dossier Polynésie française, atouts et handicaps
Page 189-199
Résumé La construction d'aéroports comme celui de Raivavae (îles Australes) s'inscrit dans une politique de désenclavement des îles éloignées, en vue d'un développement « durable et équilibré ». Il vise aussi à combler un « écart », notion qui repose à la fois sur des critères objectifs — niveau de revenus monétaires, exportations agricoles, infrastructures — et sur une représentation idéalisée des îles dites « traditionnelles », que la modernité n'aurait pas encore atteintes. Dès lors, la décision prise en 1997 d'ouvrir un aéroport à Raivavae cristallise deux aspirations contradictoires : d'un côté, la préservation d'un environnement et d'une identité culturelle patrimonialisées ; de l'autre, la diffusion du progrès jusqu'aux îles lointaines. Les Raivavae qui ont émigré à Tahiti sont particulièrement sensibles à cette contradiction. S'ils se réjouissent de la possibilité qui leur est désormais offerte de retourner plus facilement dans leur île (alors que beaucoup ne l'ont plus revue depuis des décennies), ils s'inquiètent aussi de la dénaturation probable d'un mode de vie et d'une terre qui, dans leur mémoire, reste comme un espace hors du temps, miraculeusement préservé des évolutions auxquelles eux-mêmes se sont habitués, depuis qu'ils vivent à Tahiti.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais The erection of airports such as that at Raivavae (South Sea islands) is part of a policy geared towards opening up the outlying islands and planning a ‘‘lasting and well-balanced'' development. It also aims to fill a ‘‘gap'', a notion that is based on unbiased criteria — monetary incomes, agricultural export, infrastructures — as well as on an idealized representation of the so-called ‘‘traditional'' islands that modernity has not reached. The decision taken in 1997 to open an airport in Raivavae crystallizes contradictory aspirations : on the one hand, the preservation of the environment and of a cultural identity belonging to the island's heritage and on the other the spreading of progress to the outlying islands. The natives of Raivavae who have moved to Tahiti are particularly sensitive to this contradiction. If they are delighted about the possibility of going back to their island easily (whereas many of them haven't seen it again in decades), they are also worried about the probable distortion of a way of living and of a land (fenua), which in their memories, remains a place out of time, miraculously saved from the evolutions they themselves have gotten used to since moving to Tahiti.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://jso.revues.org/203