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Titre L'altérité de l'altérité ou la question des sentiments en anthropologie
Auteur Monique Jeudy-Ballini
Mir@bel Revue Journal de la Société des Océanistes
Numéro no 130-131, 2010 Hommage à Bernard Juillerat
Rubrique / Thématique
Dossier Hommage à Bernard Juillerat
Page 129-138
Résumé Comment approcher ethnographiquement les manières spécifiques de sentir dans les sociétés qu'on étudie ? La relégation relative dans laquelle l'anthropologie océaniste contemporaine tient la question des sentiments peut renvoyer à l'opacité qui entoure l'accès aux affects d'autrui dans certaines communautés. Mais elle renvoie surtout, semble-t-il, à la tendance à exclure l'analyse des sentiments du champ des objets ethnographiables, ou à ne les aborder que de manière anecdotique. Sans doute cela s'explique-t-il par l'idée qu'on se fait de communautés attachées au respect de la tradition et au sein desquelles les comportements supposeraient une forte dose de normalisation collective ; ou encore par l'idée qu'il n'est pas utile de s'attarder sur des ressentis censés relever d'expériences universelles (l'affliction, la joie, la honte, la douleur, etc.). Dans la mesure, toutefois, où l'on ignore a priori ce qui se définit comme émotion dans les sociétés qu'on se propose d'étudier et dans la mesure aussi où maintes cultures ne font pas de différence entre affect et cognition, on se gardera de parler ici d'anthropologie des émotions en insistant simplement sur la nécessité de penser ensemble des dimensions indissociables dans toute expérience sociale.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais How might particular ways of feeling in different societies be approached ethnographically? The relative lack of interest in feeling in contemporary Oceanic anthropology may simply be an indication of the opacity hindering ethnographic attempts to access the realm of affects in certain communities. Yet it appears primarily to reflect a tendency in contemporary anthropology to exclude the analysis of feelings from the field of objects potentially subject to ethnographic research, or to address such objects merely anecdotally. This can no doubt be explained by received views of communities that value the respect of tradition and in which behaviours presuppose a high degree of collective normalization. It could also be explained by the view that there is little point in studying feelings deemed to reflect universal experiences (such as affliction, joy, shame, pain, etc.). Yet since we do not know what counts as an emotion in societies subject to ethnographic research, and since many cultures draw no rigid distinction between affect and cognition, this paper will make no reference to the anthropology of emotions and will insist simply on the need for a holistic consideration of factors deemed to be indissociable in any social experience.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://jso.revues.org/6035