Titre | Les figures du doute en langue dalabon (Australie du Nord) | |
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Auteur | Maïa Ponsonnet | |
Revue | Journal de la Société des Océanistes | |
Numéro | no 132, 1er semestre 2011 Rongorongo Tablet Keiti & Foncier, patrimoine en Océanie | |
Rubrique / Thématique | Foncier, patrimoine en Nouvelle-Calédonie et en Australie |
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Page | 151-164 | |
Résumé |
Cet article décrit les principales racines lexicales ou tournures rhétoriques qui permettent d'exprimer, en langue dalabon d'Australie du Nord, le doute qui renvoie ici, d'après le sens du terme en langue française, à la famille d'expériences recouvrant l'incertitude quant au savoir, le manque de confiance, l'hésitation, les expériences déstabilisantes… Après avoir présenté ma méthode et ses fondements théoriques, j'analyse deux racines verbales, largement exploitées culturellement par les locuteurs du dalabon : njirrk, qui s'articule autour du paradigme social et plus précisément du déficit de communication avec autrui ; kurduh, qui ancre l'expression du doute dans des situations pratiques également saillantes. La langue dalabon encourage l'expression du doute dans le discours, grâce à des formules rhétoriques très courantes qui permettent d'énoncer des séries de possibilités factuelles. Aucun de ces trois modes d'expression du doute ne le présente comme une expérience essentiellement cognitive. D'ailleurs, s'il est effectivement possible de décrire le doute en utilisant le vocabulaire dalabon dédié au domaine cognitif, ces expressions sont reléguées au second plan par les locuteurs, qui les exploitent peu. Cette situation contraste avec l'usage du mot en français. Non seulement la dimension cognitive du doute entre dans les définitions des locuteurs de cette langue, mais en outre cette dimension fait l'objet d'une exploitation culturelle importante dans le monde dit « occidental ». Cette manière d'articuler des notions que la philosophie ou la « pensée ordinaire » occidentales associent au domaine cognitif ou la rationalité, en usant de paradigmes sociaux ou pratiques, exemplifie une tendance qui paraît caractéristique du paysage conceptuel des habitants de cette région de l'Australie. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
This article describes a number roots or expressions allowing to express doubt in the Dalabon language of Northern Australia. Here “doubt” refers to the family of experiences encompassing uncertainty about the content of knowledge, lack of trust, hesitation, destabilising experiences… The first section presents the methodology used in this research and some of its theoretical grounds. I will then analyse two verbal roots that are broadly used to describe doubt in Dalabon, and are interpreted as a cultural trope by Dalabon speakers. The first of these roots, njirrk, builds upon a social paradigm, namely the experience of communicational deficit with other individuals – a crucial experience in the local social life. The second root, kurduh, anchors the description of doubt within practical situations, equally salient. Finally, Dalabon encourages the expression of doubt within discourse, thanks to a number of frequent rhetorical formula allowing to list series of factual possibilities. In none of these three modes of expression is doubt construed as a primarily cognitive experience. In fact, while it is possible, in Dalabon, to describe doubt using lexemes dedicated to the cognitive domains, speakers do not choose these lexemes very often but prefer the expressions described above. This contrasts with the use made of the French words “doute”, “douter”. Speakers regularly define these French words and the related expressions in reference with the cognitive domain. In addition, “Western” culture has based important cultural developments upon this aspect of the experience of doubt. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://jso.revues.org/6358 |