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Titre Les limites de la connaissance nécessaire. Sur l'apposition du diagnostic psychiatrique à l'enfant
Auteur Albert Ogien
Mir@bel Revue Sciences Sociales et Santé
Numéro vol. 10, no 1, mars 1992
Page 49-83
Résumé Résumé. En analysant l'apposition du diagnostic en psychiatrie de l'enfant, cet article entend répondre à une question : comment peut-on mettre en œuvre une pratique médicale sans recourir à l'usage de ce qui fonde la légitimité de cette pratique : le diagnostic ? En effet, la pédopsychiatrie est un domaine de soin dans lequel deux bonnes raisons justifient le refus de l'annonce du diagnostic : la reconnaissance de la réversibilité des symptômes et la volonté de ne pas fixer une pathologie en la nommant. L'article, qui reprend les données d'une enquête ethnographique étudiant les registres d'usage du diagnostic dans l'organisation des prises en charge dans un secteur de psychiatrie infanto-juvénile, indique que : 1) le travail de la pédopsychiatrie s'oriente implicitement d'après deux conceptions de la pathologie : à une « clinique des états » s'oppose une « clinique des conduites » ; 2) si la volonté affichée de maintenir le soin dans une perspective dynamique impose d'appréhender les psychopathologies des enfants en les assimilant, autant que possible, à des conduites, aucun élément objectif ne permet de savoir avec exactitude comment il convient de remplir, en toute circonstance, cet impératif. Dans les conditions d'ambiguïté qui prévalent dans une situation où le diagnostic n'est pas formulé, on constate que les professionnels sont contraints de se former une opinion personnelle à propos de ce qu'il importe de savoir du patient et de sa pathologie. L'intervention réclamerait donc, de la part du personnel soignant, la mise en œuvre d'une procédure pratique : établir les limites de la connaissance tenue pour nécessaire afin d'agir dans le sentiment de le faire de façon adéquate.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Albert Ogien: The limits of required knowledge in pediatrie, psychiatrie diagnosis. This article analyses psychiatrie diagnoses in children, and aims to answer the following question: how can medical practice be based on anything other than that which makes it legitimate, i.e. diagnosis. Child psychiatry is an area in which two good reasons justify not announcing the diagnosis - the reversibility of the symptoms and the wish not to consolidate a condition by naming it. This article is based on data from an ethnographie survey studying the usual diagnostic registers in the organisation of patient management in a child psychiatry unit. The data indicate: l) that child psychiatry is implicitly orientated on the basis of two conceptions of disease, i.e. a "clinic of states" as opposed to a "clinic of behaviour"; 2) that while the clear desire to maintain treatment within a dynamic perspective requires psychiatrie diseases in children to be assimilated, as far as possible, to behaviour, there are no objective criteria concerning the practical ways in which this requirement should be applied. Within the ambiguity which prevails in situations in which the diagnosis has not been made, health professionals are obliged to make a personal décision on what should be known about the patient and his disease. Intervention would therefore require the application of a practical procedure by the health personnel, in which the required limits of knowledge are established in order to act with the impression that the action is adequate.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/doc/sosan_0294-0337_1992_num_10_1_1215