Contenu de l'article

Titre La causalité en médecine : modèles théoriques et problèmes pratiques
Auteur Paolo Vineis
Mir@bel Revue Sciences Sociales et Santé
Numéro vol. 10, no 3, septembre 1992
Page 5-32
Résumé Résumé. À l'époque où la dissection des corps était la base principale de la connaissance médicale, l'intérêt des médecins portait principalement sur la façon dont la maladie se développait et s'installait dans le corps d'un individu. Par la suite, les succès de la microbiologie ont déplacé cet intérêt vers le schéma conceptuel agent infectieux-hôte impliquant une notion simple et linéaire de causalité. Depuis les années 50, les études épidémiologiques des maladies dégénératives comme le cancer ou les maladies cardio-vasculaires ont soulevé de nouveaux problèmes. Les chercheurs ont compris qu'une maladie pouvait être le résultat d'une multitude de causes et qu'une même exposition pouvait induire plusieurs maladies. Ils ont alors commencé à concevoir la survenue d'une maladie à partir de modèles probabilistes. L'article s'attache aux difficultés méthodologiques introduites par cette complication de la notion de cause. Aujourd'hui, au lieu de parler de cause unique, on parle de réseau de causalité, concept qui prend en compte les effets de plusieurs agents et leurs interactions. Aussi les critères de classification des maladies doivent-ils être réexaminés de façon critique. Pour le cancer, on utilise encore une classification des « manifestations » basée sur les aspects cliniques et pathologiques. Cependant la définition et la classification des cancers correspondraient mieux à un modèle polythétique que monothétique, analogue aux « ressemblances de famille » de Wittgenstein ou à la « taxa polythetica » utilisée en zoologie. Les analogies et les métaphores jouent un rôle dans la génération de nouvelles hypothèses, dans le contexte d'un processus inférentiel où l'outil statistique n'est qu'un parmi d'autres.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Paolo Vineis: Causality in medicine: theoritical models and practical problems. In the period when the dissection of corpses was the main basis of medical knowledge, doctors' interest was focussed primarily on the way in which disease developed and took hold in the body of a single individual. Subsequently, the successes of microbiology shifted attention to the conceptual framework of an infective agent and its host, implying a simple, linear notion of causality. Then, from the 1950's on, epidemiological studies of degenerative illnesses like cancer and heart disease raised new problems. Researchers became more aware that one disease may be due to a number of causes, and that the same exposure can induce a number of diseases, and they started to conceive of the contraction of an illness on the basis of a probabilistic model. This paper reflects on the methodological difficulties introduced by this complicating of the idea of cause. Today, rather than a single cause, we are more likely to talk about a grid or «network of causation» - a concept which takes into account the effects of a number of agents and of the interaction between them. Also the criteria of disease classification need to be considered critically. In the case of cancer, we are still using a «manifestational» classification (based on clinical and pathological features). However, both the définition and classification of cancer seem to fit a «polytethic» rather than a «monothetic» model similarly to Wittgenstein's «family resemblances» or to the «taxa polytethica» used in zoology. Finally, the paper describes the role of analogies and metaphors in the génération of new hypotheses, in the context of a complex inferential process in which the use of statistical methods is only one of the tools.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/doc/sosan_0294-0337_1992_num_10_3_1231