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Titre ‪Ces citoyennes qui reconfigurent le politique. Trente ans de travaux sur l'Antiquité grecque‪
Auteur Violaine Sebillotte cuchet
Mir@bel Revue Clio : Histoires, femmes et société
Numéro no 43, 2016/1 Citoyennetés
Rubrique / Thématique
Actualité de la recherche
Page 185-215
Résumé L'utilisation de l'outil du genre dans les analyses scientifiques, combiné aux travaux pionniers des années 1980 en histoire des femmes puis à ceux menés depuis les années 2000 dans le cadre des citoyennetés à l'intérieur de l'empire romain, invitent à dresser un bilan de nos connaissances sur la citoyenneté antique. Cette catégorie, formulée a posteriori par les chercheurs contemporains, est essentiellement définie à partir de l'idée que ces mêmes chercheurs se font de la citoyenneté grecque classique (une idée élaborée à partir de documents athéniens). Celle-ci est censée fournir, depuis Aristote, la définition la plus « authentique » de la citoyenneté ou du moins proposer un état d'origine de la citoyenneté moderne. De cette citoyenneté les femmes sont plus ou moins totalement exclues. Des travaux récents invitent aujourd'hui à déconstruire à la fois la notion de « citoyenneté » et celle de « politique », en prêtant davantage attention aux vocables employés par les Grecs, aux effets de traductions transculturelles, à la variété des pratiques collectives et publiques (groupes de familles, cité, peuple, empire) et à l'articulation originale de ce que nous distinguons comme différentes sphères sociales (religion, économie, politique) dans les sociétés antiques. Néanmoins, la presque totale absence de prise en compte des femmes dans ces travaux rend les résultats produits insatisfaisants. C'est la raison pour laquelle le présent article entend faire dialoguer les deux courants historiographiques : celui des femmes et celui du politique. En effet, réintroduire les citoyennes dans la cité a un enjeu : la reconfiguration de notre propre conception de la communauté politique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The use of gender as a scientific category of analysis, combined with the pioneering studies of women's history in the 1980s and the more recent work (in the 2000s) on varieties of citizenship within the Roman Empire, suggests that this is an appropriate time to review the state of scholarship concerning citizenship in antiquity. This category, formulated a posteriori by contemporary researchers, has essentially been constructed from the idea of ancient Greek citizenship (based on Athenian documentation). The latter has been seen as providing, since Aristotle, the most authentic definition of citizenship, or at least as proposing an original basis for modern citizenship. Yet from this definition of citizenship, women are more or less entirely excluded. Recent research has suggested that we should deconstruct both the notion of “citizenship” and that of “politics”, by paying greater attention to the actual terms used by the ancient Greeks, to translations of these across cultures, and to the variety of collective and public practices (family groups, city, ethnos, empire) as well as to the specific articulation of what we define as different social contexts (religion, economy, politics) in ancient societies. Nevertheless, the almost entire failure of even these recent studies to take women into consideration has led to unsatisfactory results. This article therefore sets out to promote a dialogue between the two currents in historiography today : the study of women and the study of politics in the ancient world. Putting women back into the city means that we have to reformulate what we mean by a political community.
Source : Éditeur (via Cairn.info)