Contenu du sommaire : Citoyennetés
Revue | Clio : Histoires, femmes et société |
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Numéro | no 43, 2016/1 |
Titre du numéro | Citoyennetés |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Sous la citoyenneté, le genre - Pascale Barthélémy, Violaine Sebillotte cuchet p. 7-22
Dossier
- Minorité juridique et citoyenneté des femmes dans la Rome républicaine - Aude Chatelard p. 23-46 En tant que mineures juridiques, les femmes romaines sont normalement exclues des privilèges politiques tel que le droit de vote, tout comme elles sont exemptes des devoirs des citoyens (armée ou charges fiscales). Les femmes bénéficiaient cependant pleinement des privilèges garantis par le droit civil. Et bien que leur prise de parole dans des contextes politiques relève de l'exceptionnel, les lieux d'exercice de la citoyenneté leur étaient accessibles. C'est dans la religion publique que le terme civis Romana apparaît finalement. De cette étude, il résulte que la citoyenne romaine existait bel et bien, et que cette citoyenneté se rapprochait de la civitas sine suffragio. La société romaine reposait avant tout sur des inégalités et une hiérarchie omniprésentes : entre les hommes citoyens de plein droit, entre eux et les citoyens sans suffrage, et entre citoyens et femmes citoyennes. Cependant, tous pouvaient expérimenter une forme de citoyenneté à travers des actes civiques.Women in republican Rome were legally minors, and as such normally excluded from political privileges such as the right to vote, as well as from citizens' duties (military service or paying taxes). Women nevertheless enjoyed the full privileges guaranteed by civil law. And although it was exceptional for them to speak in a political context, they were allowed access to certain places dedicated to the exercise of citizenship,. It is in the sphere of public religion that the term civis Romana (a female citizen of Rome) finally appears. This study shows that female citizenship did exist in Rome, in a form close to civitas sine suffragio (non-voting citizenship). Roman society was based on omnipresent inequalities and the existence of a hierarchy : distinctions were made between male citizens enjoying full citizenship, between these men and (male) citizens sine suffragio ; and between male and female citizens. Yet civic actions were for everyone a way to access a form of citizenship.
- Mobilité, droits et citoyenneté des femmes dans l'Italie médiévale et moderne - Simona Feci p. 47-72 Dans l'Italie médiévale et moderne, les femmes qui sont exclues de la citoyenneté politique participent à diverses formes de construction du lien d'appartenance à un lieu particulier. La mobilité conditionne par ailleurs les statuts individuels, non seulement en raison des diverses manières de définir citoyens et étrangers, mais aussi du fait que les contenus du droit municipal ne se ressemblent pas d'un endroit à l'autre, surtout en matière de droits et de capacités des femmes. Cet essai illustre les principales thématiques sous-tendant la citoyenneté féminine et examine ensuite les réactions des femmes et des hommes à la multiplicité des normes locales et à leurs différences.In medieval and early modern Italy, women were excluded from political citizenship, but they were able to participate in various forms of belonging to a particular place. Geographical mobility affected the legal status of individuals, not only because of the various ways of distinguishing between citizens and foreigners, but also because the provisions of municipal law might differ from one place to another, especially regarding women's status and rights, for example regarding property and inheritance. This essay illustrates the principal issues relating to women's citizenship, and examines the reactions of both women and men to the multitude and variety of local statutory laws.
- La nationalité des femmes mariées sur la scène internationale (1918-1935) - Linda Guerry p. 73-93 Inscrites dans la législation sur la nationalité de nombreux États au cours du XIXe siècle, les discriminations de sexe concernant la transmission, l'acquisition ou la conservation de la nationalité, en particulier la dépendance de l'épouse à l'égard de la nationalité de son mari, suscitent des protestations de la part de groupes internationaux de femmes dès le début du XXe siècle. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, dans un contexte marqué par le nationalisme et l'acquisition du suffrage pour les femmes dans de nombreux pays, le débat s'internationalise. Cet article analyse, à l'échelle internationale, les arguments des différents protagonistes de ce débat qui réactive la ligne de tension entre individualisme et familialisme et constitue l'occasion d'une reformulation des contours de la citoyenneté des femmes.Discrimination between the sexes concerning the transmission, acquisition or retention of nationality, in particular the dependence of a married woman on her husband's nationality, was written into the nationality laws of many states in the nineteenth century. This form of discrimination had started to provoke protests from international women's associations, from the early twentieth century on. After the First World War, in a period marked both by the rise of nationalism and by the acquisition of women's suffrage in many countries, the debate took a further international turn. This article analyses, from an international perspective, the arguments of the various protagonists in a debate which revived the tensions between individualism and familialism, and provided an opportunity to reformulate the parameters of women's citizenship.
- Algériennes : quelle citoyenneté ? (années 1930 – années 1960) - Marc André p. 94-116 Cet article porte sur les femmes algériennes qui, migrant à travers la méditerranée après 1947, migrent également à travers la citoyenneté : en une vie, elles ont été “indigènes”, Françaises musulmanes, Françaises à part entière (c'est-à-dire aussi dotées du droit de vote) durant quatre années (1958-1962), puis Algériennes et donc étrangères, toujours immigrées. Il examine ces parcours de femmes passées du statut de sujet colonial à celui d'autres statuts (citoyennes, étrangères, binationales). Pour cela, il repose sur une enquête orale menée dans la région lyonnaise et sur des archives préfectorales (dossiers de naturalisation notamment). Dans le flou des discours, il analyse comment les Algériennes contribuent à faire naître, empiriquement, une définition de la citoyenneté, laquelle les signale en retour comme d'éternelles immigrées.This article focuses on the Algerian women who, having migrated across the Mediterranean to France after 1947, also travelled through different forms of citizenship. In the course of their lives, they have been considered by turns “indigeneous subjects” ; Muslim Frenchwomen ; fully French – and thus entitled to vote – for the duration of the four year period before Algerian independence (1958-1962) ; then as Algerians and therefore foreigners – all the while being considered as immigrants. This study examines the itineraries of these women whose status was originally that of colonial subjects, through a range of other kinds of status (French citizens, foreigners, or holding double nationality). It is based on oral research conducted in the Lyon region and the administrative archives (including naturalization applications). It reveals how, through the confusion of different discourses, Algerian women have empirically contributed to a definition of citizenship which has in return consigned them to the status of being an eternal immigrant.
- Contre la violence. Fabriquer de « bons » citoyens à Ciudad Juárez (Mexique, XXI e siècle) - Chiara Calzolaio p. 117-138 Entre 2006 et 2012, les opérations militaires de lutte contre le narcotrafic ont provoqué plus de dix mille meurtres à Ciudad Juárez, ville mexicaine frontalière des États-Unis. Dans 90 % des cas les victimes sont des hommes, majoritairement défavorisés. Des politiques publiques d'aides aux victimes, comme un fonds d'aide adressé notamment aux enfants, sont menées par des autorités qui proposent de donner des droits sociaux à des sujets qui en avaient été privés et de les aider à devenir de « bons » citoyens. Plus précisément, ces programmes cherchent moins à réparer les effets négatifs de l'action (anti)criminelle de l'État qu'à atténuer les effets criminogènes des conditions d'existence des jeunes hommes des classes populaires : des thérapies psychologiques sont mises en place et censées « corriger » une masculinité perçue comme déviante et potentiellement violente. L'acquisition de la citoyenneté passe ainsi par l'incorporation de normes de conduites genrées.
Between 2006 and 2012, offensives by the military against drug trafficking were the cause of more than ten thousand killings in Ciudad Juárez, a Mexican city bordering the United States. In 90 % of cases, the victims were men, and most of them were poor. Various public policies towards the victims, such as a children's aid fund, were developed, indicating that the authorities took some responsibility for the situation. These policies included the restoration of social rights to subjects who had previously been denied them, aiming to help them develop as “normal citizens”. Considered in detail, these programs set out not so much to relieve the negative effects of the (anti)criminal action by the State, as to reduce the causes of criminality among young men of the lower classes by improving their conditions of existence : types of counselling were developed which aimed to “correct” a type of masculinity perceived as deviant and potentially violent. The granting of citizenship was therefore closely linked to conformity with gendered norms of behaviour.
- Minorité juridique et citoyenneté des femmes dans la Rome républicaine - Aude Chatelard p. 23-46
Regards complémentaires
- Éros et politique dans l'Athènes démocratique. À propos des tyrannicides - Diego Paiaro p. 139-150 Cet article analyse la relation entre l'idéal de citoyenneté athénienne et la masculinité (andreía), à partir de la figure des Tyrannicides. En opposition aux lectures “modernisantes” – influencées par Thucydide – de ceux qui voient dans le tyrannicide un acte guidé par une passion amoureuse à caractère “privé”, l'idée avancée ici est que l'éros qui unissait Harmodios et Aristogiton n'était pas occulté dans le récit officiel de la démocratie. L'analyse de l'imagerie des Tyrannicides permet de comprendre l'importance des relations érotiques au niveau idéologique – particulièrement celles de type homosexuel (désignées par le terme de pédérastie) – pour le maintien de la concorde civique et la reproduction du groupe des citoyens.In this article, the relationship between masculinity (andreia) and the ideal of Athenian citizenship is analyzed through the case of the Tyrannicides (Harmodius and Aristogeiton). In opposition to “modernist” readings – influenced by Thucydides – by commentators who see the tyrannicide as an action guided by “private” passion, it will be argued here that the eros that brought Harmodius and Aristogeiton together was not at all concealed in the official public discourse of democracy. Analysis of the imagery surrounding the Tyrannicides will enable us to understand the ideological importance of erotic relations – in particular homosexuality (known as pederasty) – in the maintenance of civic harmony and in the reproduction of the community of citizens.
- Mme Legros, citoyenne sans le savoir (Paris, fin XVIII e siècle) - Laurence Croq p. 151-164 Madame Legros est une bourgeoise parisienne qui a obtenu en 1784 la libération de Latude, enfermé depuis plus de trente ans dans différentes prisons par des lettres de cachet. Cet article présente son histoire familiale et personnelle avant d'inscrire son action dans une histoire collective des engagements féminins. Il tente une mise en perspective des causes profondes de son engagement par rapport à la lecture qui en a été faite par ses contemporains comme après la Révolution.Madame Legros was a Parisian woman of the middling class who successfully campaigned for the liberation in 1784 of Latude, a man who had spent more than thirty years in various French jails, under the system of lettres de cachet (permitting imprisonment without trial). This paper sets out her personal and family history before locating her action in the collective context of women's engagement in public affairs. It suggests a new perspective on the underlying reasons for her campaign, in the light of the way it was interpreted by contemporaries, as well as in later years after the Revolution.
- Éros et politique dans l'Athènes démocratique. À propos des tyrannicides - Diego Paiaro p. 139-150
Documents
- Des militantes à Pompéi - Philippe Akar p. 165-173 Les fouilles de Pompéi ont permis la découverte d'un vaste ensemble d'inscriptions électorales, les programmata, peintes sur les murs extérieurs des maisons, et par lesquelles un individu, le rogator (ou plusieurs), appelle à voter pour un ou des candidats aux élections locales. Une soixantaine de ces inscriptions comprend le nom d'une femme comme rogator. Qui furent ces femmes ? Leur engagement obéissait-il à des modalités particulières ? Peut-on déterminer quelles furent leurs raisons pour soutenir ces candidats ? Comment expliquer, alors qu'elles n'avaient officiellement aucun rôle politique, qu'elles prirent la parole publiquement pour s'adresser aux électeurs ? Enfin, que nous disent en creux ces inscriptions sur les nécessités morales et narratives auxquelles se pliaient les sources littéraires et normatives du début de l'Empire ?Excavations at Pompeii have uncovered a large group of electoral inscriptions, painted on the outer walls of houses and known as programmata, by means of which an individual known as the rogator, (or sometimes several individuals) called on voters to support one or more candidates for the local elections. About sixty of these inscriptions include the name of a woman as rogator. Who were these women ? Did their commitment conform to special rules ? Can we determine their reasons for supporting these candidates ? How was it that while women officially had no political role, they were able to address voters publicly ? Finally, what do these inscriptions tell us indirectly about the moral and narrative obligations observed by literary and normative sources for the early days of the Roman Empire ?
- Revendiquer des droits politiques au Nigéria. Le Women Movement dans les années 1950 - Sara Panata p. 174-183 La révision de la Constitution nigériane prévue en 1956 fut perçue par le Women Movement of Nigeria (WM) comme une occasion pour revendiquer l'inclusion politique des femmes. L'article Allocation system for women, écrit en 1954 par Mrs Elizabeth Adekogbe, présidente du WM, met en évidence les droits politiques qu'elles réclament, notamment l'accès au suffrage et à l'éligibilité. Ces revendications divisent les femmes qui, selon leur appartenance politique, ont des conceptions différentes de l'émancipation politique. Ces divisions invitent à déconstruire la catégorie « femmes du Nigéria » et à interroger la pluralité de leurs revendications, largement inspirées des débats qui ont eu lieu en Europe occidentale à propos de l'accès au suffrage féminin. Cet article permet aussi de s'interroger sur les parallélismes avec les suffragistes occidentales et en conséquent sur le concept de « citoyenneté » et sur son emploi et non-emploi de la part de ces femmes africainesIn 1956, the revision of the Nigerian Constitution was seen by the Women Movement of Nigeria (WM)as an opportunity to campaign for the political inclusion of women. The article Allocation system for women, written in 1954 by Mrs Elizabeth Adekogbe, president of the WM, highlights the political rights which these women were claiming, namely universal suffrage and the right to stand for election. These claims however divided the country's women, who might have different conceptions of their political emancipation depending on their political allegiance. These divisions suggest that we should rethink the umbrella category “women of Nigeria” and rather explore the broad spectrum of women's political demands, which were largely inspired by Western debates on women's suffrage. Consequently, the article also allows us to question any parallelism with Western suffragist campaigns and the concept of “citizenship”, as well as its use or non-use by these African women.
- Des militantes à Pompéi - Philippe Akar p. 165-173
Actualité de la recherche
- Ces citoyennes qui reconfigurent le politique. Trente ans de travaux sur l'Antiquité grecque - Violaine Sebillotte cuchet p. 185-215 L'utilisation de l'outil du genre dans les analyses scientifiques, combiné aux travaux pionniers des années 1980 en histoire des femmes puis à ceux menés depuis les années 2000 dans le cadre des citoyennetés à l'intérieur de l'empire romain, invitent à dresser un bilan de nos connaissances sur la citoyenneté antique. Cette catégorie, formulée a posteriori par les chercheurs contemporains, est essentiellement définie à partir de l'idée que ces mêmes chercheurs se font de la citoyenneté grecque classique (une idée élaborée à partir de documents athéniens). Celle-ci est censée fournir, depuis Aristote, la définition la plus « authentique » de la citoyenneté ou du moins proposer un état d'origine de la citoyenneté moderne. De cette citoyenneté les femmes sont plus ou moins totalement exclues. Des travaux récents invitent aujourd'hui à déconstruire à la fois la notion de « citoyenneté » et celle de « politique », en prêtant davantage attention aux vocables employés par les Grecs, aux effets de traductions transculturelles, à la variété des pratiques collectives et publiques (groupes de familles, cité, peuple, empire) et à l'articulation originale de ce que nous distinguons comme différentes sphères sociales (religion, économie, politique) dans les sociétés antiques. Néanmoins, la presque totale absence de prise en compte des femmes dans ces travaux rend les résultats produits insatisfaisants. C'est la raison pour laquelle le présent article entend faire dialoguer les deux courants historiographiques : celui des femmes et celui du politique. En effet, réintroduire les citoyennes dans la cité a un enjeu : la reconfiguration de notre propre conception de la communauté politique.The use of gender as a scientific category of analysis, combined with the pioneering studies of women's history in the 1980s and the more recent work (in the 2000s) on varieties of citizenship within the Roman Empire, suggests that this is an appropriate time to review the state of scholarship concerning citizenship in antiquity. This category, formulated a posteriori by contemporary researchers, has essentially been constructed from the idea of ancient Greek citizenship (based on Athenian documentation). The latter has been seen as providing, since Aristotle, the most authentic definition of citizenship, or at least as proposing an original basis for modern citizenship. Yet from this definition of citizenship, women are more or less entirely excluded. Recent research has suggested that we should deconstruct both the notion of “citizenship” and that of “politics”, by paying greater attention to the actual terms used by the ancient Greeks, to translations of these across cultures, and to the variety of collective and public practices (family groups, city, ethnos, empire) as well as to the specific articulation of what we define as different social contexts (religion, economy, politics) in ancient societies. Nevertheless, the almost entire failure of even these recent studies to take women into consideration has led to unsatisfactory results. This article therefore sets out to promote a dialogue between the two currents in historiography today : the study of women and the study of politics in the ancient world. Putting women back into the city means that we have to reformulate what we mean by a political community.
- Ces citoyennes qui reconfigurent le politique. Trente ans de travaux sur l'Antiquité grecque - Violaine Sebillotte cuchet p. 185-215
Portrait
- Les femmes et les filles du peuple de mon père, l'Arabe imaginaire - Leïla Sebbar p. 217-222
Varia
- Revisiter la Défense des femmes (1726) de Benito Jerónimo Feijoo - Mónica Bolufer Peruga p. 223-249 Une double conjoncture historiographique invite à revisiter la pensée du célèbre auteur espagnol Benito Jerónimo Feijoo (1676-1764) sur la différence des sexes : d'une part le renouveau récent des études sur le personnage et son œuvre, d'autre part les perspectives ouvertes par les études internationales sur la « querelle des femmes ». Alors que Feijoo est souvent présenté comme “en avance sur son temps”, l'analyse du contexte social, intellectuel et politique de sa pensée, tant en Espagne que dans le reste de l'Europe, montre qu'il a développé ses idées dans un dialogue critique avec ses prédécesseurs et ses contemporains, particulièrement avec les auteurs femmes qui ont défendu une égalité entre les sexes. Non dénué d'ambiguïtés et de paradoxes, sa contribution a pris place dans un débat ardent où ses œuvres furent avidement et passionnément lues et débattues.
This paper revisits the work of the Spanish Enlightenment thinker Benito Jerónimo Feijoo (1676-1764) on gender difference and equality. It does so in the light both of renewed scholarly interest in this writer and of the new perspectives opened up by recent historiographical contributions on the “querelle des femmes”. Feijoo is often presented as a solitary hero, “ahead of his time”, but analysis of his thought in its social, intellectual and political context, both Spanish and European, allows us to challenge this view. On the contrary, his ideas were developed in a critical dialogue both with his predecessors and his contemporaries, notably with women authors who had defended the equality of the sexes. Not exempt from ambiguities and paradoxes, his writings were part of a lively and ongoing debate and were passionately read and discussed. - Droit civil et genre en Europe au xix e siècle - Ute Gerhard p. 250-273 Le Code civil français, premier code libéral et bourgeois d'Europe, passe, en raison de sa clarté systématique et de sa langue, pour un modèle de législation moderne. En outre, il eut une influence durable parce qu'il est resté en vigueur dans de nombreux pays d'Europe après la fin des conquêtes napoléoniennes. Pourtant, en comparaison avec d'autres codifications européennes et avec le droit coutumier de son temps, le Code français se caractérise, dans le droit conjugal et familial, par des règles particulièrement rigides consolidant la domination masculine. L'article propose une analyse comparée de certains aspects du droit civil qui ont eu et ont encore un impact considérable sur la vie des femmes et sur l'histoire des mouvements féministes. Il se demande pourquoi les Françaises, qui se sont fait entendre plus tôt que d'autres dans leur lutte pour les droits des femmes qu'elles revendiquaient comme des droits humains, ont paradoxalement obtenu la reconnaissance de leur égale citoyenneté relativement tard (en 1944 seulement) par rapport aux autres pays européens.
The French Civil Code of 1804 was the first bourgeois law book based on principles of liberty, equality and security of personal property. Thanks to its systematic structure and clear language, it served as the model for law-making in modern times. Compared to other European codification and the customary law of its time with regard to women's rights, however, the Napoleonic code, was characterized by rigid regulations reinforcing male dominance. In comparative study the author analyses specific issues in marriage and family law that profoundly influenced the daily lives and agency of women as well as the women's movement. The question arises why French women, who, earlier than others proved themselves an avant-garde in the fight for women's human rights, fell behind in Europe where only relatively late (first in 1944) did they achieve recognition as full citizens.
- Revisiter la Défense des femmes (1726) de Benito Jerónimo Feijoo - Mónica Bolufer Peruga p. 223-249
Clio a lu « Genre et citoyenneté »
- Rebecca Futo Kennedy , Immigrant Women in Athens. Gender, Ethnicity, and Citizenship in the Classical City : New York, Routledge, 2014, 178 p. - Romain Guicharrousse p. 274-277
- Pauline Moszkowski-Ouargli, Citoyennes des champs. Les femmes de Beaumont-du-Périgord pendant la Révolution française : Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, coll. « Mnémosyne », 201 p. - Jacques Guilhaumou p. 278-280
- Anne-Sarah Bouglé-Moalic, Le Vote des Françaises : cent ans de débats, 1848-1944 | Karen Offen, Les Féminismes en Europe, 1700-1950 : Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, 362 p. | Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, 542 p. - Françoise Thebaud p. 280-284
- Andrea Mansker , Sex, Honor and Citizenship in Early Third Republic France : Houndsmill, Palgrave Macmillan, 2011, ix-310 p. - Charles Sowerwine p. 284-287
- Delphine Gardey, Le Linge du Palais-Bourbon : corps, matérialité et genre du politique à l'ère démocratique : Lormont, Le Bord de l'Eau, coll. « Objets d'histoire », 2015, 256 p. - Siân Reynolds p. 287-290
- Cécile Formaglio, « Féministe d'abord » : Cécile Brunschvicg (1877-1946) : Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Archives du féminisme », 2014, 334 p. - Paul Smith p. 291-292
- Linda Guerry, Le genre de l'immigration et de la naturalisation. L'exemple de Marseille (1918-1940) : Lyon, ENS Éditions, 2013, 309 p., préface de Françoise Thébaud - Isabelle Lacoue-Labarthe p. 293-296
- Cindy Coignard, Les Militantes du POUM, 1935-1980 : Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Archives du féminisme », 2015, 250 p. Préface de Mercedes Yusta - Karine Bergès p. 296-299
- Fanny Bugnon, Les « Amazones de la terreur : sur la violence politique des femmes, de la Fraction armée rouge à Action directe : Paris, Payot, 2015, 228 p. - Anne Steiner p. 299-302
- Laure Bereni, La Bataille de la parité : mobilisations pour la féminisation du pouvoir : Paris, Economica, coll. « Études politiques », 2015, 300 p. - Bérengère Marquès-Pereira p. 302-304
- Maud Navarre, Devenir élue. Genre et carrière politique : Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Res Publica », 2015, 257 p. - Mathilde Dubesset p. 305-307
Ouvrages collectifs
- Laurent Colantonio & Caroline Fayolle (dir.), Genre et utopie. Avec Michèle Riot-Sarcey : Paris, Presses universitaires de Vincennes, 2014, 406 p. - Élodie Serna p. 307-310
- Gloria Nielfa Cristóbal (dir.), Mujeres en los Gobiernos locales. Alcaldesas y concejalas en la España contemporánea : Madrid, Biblioteca nueva, 2015, 263 p. - Danièle Bussy Genevois p. 310-313
- David Paternotte & Nora Nagels (dir.), Imaginer la citoyenneté. Hommage à Bérengère Marques-Pereira : Louvain-la-Neuve, Academia-L'Harmattan, 2013, 295 p. - Réjane Sénac p. 313-316
Compléments en ligne : Clio a lu
- Claude-Emmanuelle Centlivres Challet, Like Man, like Woman. Roman Women, Gender Qualities and Conjugal Relationships at the Turn of the First Century : Oxford, Bern, Berlin, Peter Lang, 2013, 201 p. - Marianne Béraud p. 315
- Dominique Brancher, Équivoques de la pudeur. Fabrique d'une passion à la Renaissance : Genève, Droz, 2015, 904 p. - Stéphanie Chapuis-Després p. 316
- Lucie Laumonier, Solitudes et solidarités en ville. Montpellier, mi XIIIe-fin XVe siècle : Turnhout, Brepols, 2015, 426 p. - Julie Pilorget p. 317
- Antoine FRANZINI, Haine et politique en Corse : L'affrontement de deux hommes au temps de la révolution française, 1780-1800 : Ajaccio, Éditions Alain Piazolla, 2013, 391 p. - Jennifer Heuer p. 318
- Christine Planté, La petite sœur de Balzac. Essai sur la femme auteur, Préface inédite de Michelle Perrot. Postface inédite de l'auteure : Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2015, 362 p. Nouvelle édition révisée - Bénédicte Monicat p. 319
- Neil Davie, L'évolution de la condition féminine en Grande-Bretagne à travers les textes juridiques fondamentaux : Lyon, ENS Éditions, 2011, 223 p. - Myriam Boussahba-Bravard p. 320
- Sophie Richelle, Les « folles » de Bailleul. Expériences et conditions d'internement dans un asile français (1880-1914) : Bruxelles, Université des femmes, coll. « Cahiers de l'UF », n°10, 2014, 158 p. - Nicole Edelman p. 321
- Valérie Boulain, Femmes en aventure. De la voyageuse à la sportive (1850-1936) : Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, 358 p. - Philippe Liotard p. 322
- Catherine Lacour-Astol, Le genre de la Résistance. La Résistance féminine dans le nord de la France : Paris, Presses de Sciences-Po, 2015, 389 p. - Cécile Vast p. 323
- Gisela Bock , Geschlechtergeschichten der Neuzeit, Ideen, Politik, Praxis : Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2014, 400 p. - Valérie Dubslaff p. 324
- Sandra Reineke , Beauvoir and her Sisters. The politics of women's bodies in France : Urbana, University of Illinois Press, 2011, 128 p. - Marine Rouch p. 341
Compléments en ligne : ouvrages collectifs
- Laurent Jégou, Sylvie Joye, Thomas Lienhard & Jens Schneider (dir.), Splendor Reginae : Passions, genre et famille. Mélanges en l'honneur de Régine Le Jan : Turnhout, Brepols, 2015, 362 p. - Isabelle Réal p. 343
- Christine Mongenot & Marie-Emmanuelle Plagnol (dir.), Madame de Maintenon. Une femme de lettres : Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2012, 322 p. - Myriam Dufour-Maître p. 344
- André Burguière & Bernard Vincent (dir.), Un siècle d'historiennes : Paris, Des femmes-Antoinette Fouque, 2014, 350 p. - Sylvie Steinberg p. 345
- Sonia García Galán , Silvia Medina Quintana & Carmen Suárez Suárez (dir.), Nacimientos bajo control. El parto en las edades Moderna y Contemporánea : Asturias, éd. Trea, coll. Piedras Angulares, 2014, 190 p. - Elsa Boulet, Amaya García p. 346
- Fanny Lignon (dir.), Genre et jeux vidéo : Toulouse, Presses universitaires du Midi, coll. « Le Temps du Genre », 2015, 268 p. - Simon Massei p. 347
Clio a reçu