Titre | Nice et ses musulmans : une intégration refusée ? | |
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Auteur | Robert Bistolfi | |
Revue | Confluences Méditerranée | |
Numéro | no 98, automne 2016 Partis et partisans dans le monde arabe post-2011 | |
Rubrique / Thématique | Variations |
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Page | 209-223 | |
Résumé |
Endeuillée par l'un des attentats les plus meurtriers liés à
Daech, Nice n'a pas été choisie au hasard. La Promenade
des Anglais est bien connue, son prestige est associé au
soleil et à la légèreté des vacances. L'écho médiatique
de l'événement ne pouvait être que mondial. On dit que
l'État islamique en recul au Proche-Orient a ainsi voulu
rappeler que sa capacité de nuisance demeurait forte.
D'autres analyseront cette dimension-là de l'événement,
mais pour ce qui est de la France, le choix de Nice n'a pas
été anodin pour d'autres raisons. Le paravent trompeur
des palmiers masque des inégalités et des frictions
bien réelles. Le nombre de musulmans est aujourd'hui
significatif, et ils sont visibles – légitimement – dans
l'espace public. La droite extrême qui domine ici a
préféré manipuler les questions identitaires plutôt que
d'affronter les défis et les efforts d'une réelle intégration
sociale. La réalité des tensions sociétales a fait croire
aux terroristes que la situation était exploitable, que la
tuerie susciterait des violences antimusulmanes en retour.
Leur choix du 14 juillet a voulu de même manifester
symboliquement le refus d'une communauté politique
égalitaire. Le but recherché – un déchaînement des
affrontements – n'a pas été atteint. Pour le moment ?
On doit se féliciter des réactions dignes, de la retenue
dont, en général, la ville a su faire preuve. Mais, après
l'émotion, le temps du deuil doit déboucher sur celui de
la réflexion. Dans la démarche d'accueil des musulmans,
la société niçoise avait-elle su affronter à la juste hauteur
les défis d'une diversité culturelle inédite ? Sauf brillantes
exceptions, le personnel politique a sur ce point été
défaillant. Le riche particularisme nissart (catholicisme
de tradition, dialecte original…) a été utilisé dans une
démarche de repli et d'exclusion concernant l'Islam.
Dans l'espace urbain, on a voulu contraindre la présence
musulmane, l'effacer au maximum, la maintenir dans
l'espace clos et discret de la famille, à la périphérie du
cœur actif de la cité. Avec un simple dépouillement de la
presse, on peut suivre au fil du temps ce refus des édiles
d'admettre véritablement la composante musulmane
de « leur » ville, cela en lui imputant l'intégrale
responsabilité de son exclusion. N'en déplaise au Premier
ministre qui avait affirmé qu'expliquer c'est déjà excuser,
un rapprochement est inquiétant : les départs en Syrie
à partir des Alpes-Maritimes ont été parmi les plus
nombreux de l'Hexagone. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=COME_098_0209 |