Titre | Traces ? Quelles traces ? Réflexions pour une histoire non passéiste | |
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Auteur | Joseph Morsel | |
Revue | Revue historique | |
Numéro | no 680, octobre 2016 | |
Page | 813-868 | |
Résumé |
La définition de l'histoire comme « connaissance par traces » constitue l'une des évidences les mieux enracinées dans les représentations des historiens, quelle que soit l'épistémologie dont ils se réclament. C'est d'une part à la généalogie de cette évidence que se consacre cet article, qui montre que la référence à la trace est strictement contemporaine de la formation de la science historique à partir du milieu du xviii
e s. (bien qu'elle ne soit théorisée que tardivement, à la fin du xx
e s., comme une sorte d'indice), mais aussi que la valeur sémantique de la trace est systématiquement réduite à l'empreinte plutôt qu'à la piste. L'article examine donc ensuite les implications logiques de cette conception de la trace historique comme une empreinte, qui fonctionne pour l'historien comme la figure spéculaire, à la fois épiphanique et mimétique, d'une réalité disparue, le passé – comme si l'histoire n'était qu'une technique de « résurrection du passé ». Pour finir, l'article soulève le problème de l'objet classiquement (malgré l'opposition de maints historiens) attribué à l'histoire, le passé – et fait l'hypothèse que c'est précisément la théorie implicite de la « connaissance par traces » et la réduction de la trace à l'empreinte qui interdisent vraiment à l'historien de sortir du rôle traditionnel de l'histoire comme commémoration du passé. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The definition of History as “trace-based knowledge” is one of the most deeply-rooted axioms in historians' representations, whatever their epistemology stance. This paper deals first with the genealogy of this axiom, and shows that the use of the word “trace” as knowledge medium appeared exactly with the emergence of historical science, from the mid-18th century onwards (even though the concept was only theorized much later, at the end of the 20th century, as a kind of clue), and that the semiotic value of the “trace” is systematically restricted to the imprint rather than to the track. The paper examines therefore the logical implications of this conception of the “historical trace” as an imprint, which operates for the historian as the mirror image, both epiphanic and mimetic, of a vanished reality, the past – as if History were a mere technology aiming at “resuscitating the past”. The paper eventually addresses the object classically attributed to History – despite the opposition of many historians –, the past, and hypothesizes that it is precisely the unspoken theory of “trace-based knowledge” and the reduction of the trace to an imprint which prevent the historian from going beyond the traditional task of History as a commemoration of the past. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHIS_164_0813 |