Contenu de l'article

Titre Échapper à l'enfermement domestique : Travail des femmes et luttes de classement en lotissement pavillonnaire
Auteur Anne Lambert
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 215, décembre 2016 Les classes sociales au foyer
Page 56-71
Résumé Comment l'espace domestique et les normes de genre qui s'y jouent contribuent-ils à définir les positions de classe des individus et des fractions de classes au sein des mondes populaires ? Une monographie menée entre 2008 et 2012 dans un lotissement de l'Isère montre que la dynamique des rapports sociaux de sexe constitue une ligne prépondérante de perception et de classement du monde social au quotidien, au-delà des différences socio-économiques objectivées dans le bâti et l'aménagement des maisons. Les résistances à l'ordre sexué imposé par les nouvelles charges domestiques forment le fondement de micro-hiérarchies dans l'espace local, opposant trois groupes de femmes et de rapports à l'emploi : les jeunes femmes de cités, qui ont progressivement renoncé à leur activité salariée dans le tertiaire peu qualifié pour se mettre au service de la maisonnée ; les ouvrières du coin, qui travaillent en horaire décalé et assument le quotidien en alternance avec leur conjoint ; les jeunes femmes plus dotées qui partent travailler « dans les bureaux » de la grande agglomération voisine. Peu présentes la journée au lotissement, ce sont elles qui sont au sommet de la hiérarchie sociale locale et incarnent la norme d'émancipation.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais How do domestic spaces and the gender norms that are played out through them contribute to defining the class position of both individuals and subgroups within the lower middle classes? A monographic work conducted between 2008 and 2012 in a suburban residential area in Isère suggests that the dynamics of gendered social relations represents a crucial factor in the daily perception and the classification of the social world, beyond socio-economic differences materialized in housing and domestic décor. The resistances to the gendered order imposed by the new forms of domestic labor provide the basis for the micro-hierarchies of local space. They oppose three groups of women in relation to employment: young women living in social housing who have gradually renounced waged activity in low-qualified jobs of the service industry in favor of domestic work; local workers who have odd shifts and can thus cope with domestic labor in alternation with their partner; better-educated young women who find “office” jobs in the neighboring city. Mostly absent from the residential area during the day, the members of this latter group occupy the top position in the local social hierarchy and embody a norm of emancipation.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_215_0056