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Titre Troubles à l'ordre privé : Les classes populaires face à la cuisine ouverte
Auteur Pierre Gilbert
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 215, décembre 2016 Les classes sociales au foyer
Page 102-121
Résumé À partir d'une enquête localisée dans le grand ensemble des Minguettes (Vénissieux), cet article analyse la réception par les classes populaires d'un dispositif architectural inédit dans les cités HLM. Adoptée par les « nouvelles classes moyennes » à partir des années 1980, la cuisine ouverte est aujourd'hui introduite dans ces quartiers par les concepteurs de la politique de rénovation urbaine, qui voient là un habitat moderne et attractif censé permettre d'y recréer de la « mixité sociale ». Les habitants rejettent pourtant de façon massive ce dispositif, qui vient contrarier en profondeur leurs styles de vie populaires – marqués notamment par une gestion spécifique du propre et du sale, la possession d'espaces personnels et réservés à l'entre-soi de sexe. Certains ménages appartenant aux fractions stables des classes populaires s'installent malgré tout dans les logements neufs avec une cuisine ouverte, dans laquelle ils voient un attribut symbolique de leur petite promotion sociale. Ils s'approprient alors celle-ci de façon hétérodoxe, à travers des usages éloignés de ceux des premiers adeptes de ce modèle, qui leur permettent de limiter la perturbation que celui-ci exerce sur leurs styles de vie.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Based upon fieldwork done in the projects of the Minguettes (Vénissieux), this article shows how the lower middle classes experience a novel architectural arrangement for social housing. Adopted by the “new middle classes” in the 1980s, the open kitchen is today introduced in these neighborhoods by the promoters of a policy of urban renovation. They see it as a modern and attractive form of habitat that is supposed to generate social diversity. Yet, inhabitants overwhelmingly reject this arrangement, which is fundamentally at odds with their lifestyles, characterized in particular by a specific understanding of cleanliness and dirtiness and by the distinction between personal spaces and spaces dedicated to gendered sociability. Some households that belong to the stable fractions of the lower middle classes nonetheless move into new housing with an open kitchen, and consider it as the symbolic manifestation of a minor upward mobility. In such cases, they appropriate the open kitchen in unorthodox ways that depart from those envisioned by its early proponents and allow them to limit the impact it has on their lifestyle.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_215_0102