Titre | Élites, élitisme et communauté dans la polis archaïque | |
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Auteur | John Ma, Antoine Heudre | |
Revue | Annales. Histoire, Sciences Sociales | |
Numéro | vol. 71, no 3, septembre 2016 | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
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Page | 631-658 | |
Résumé |
Cet article étudie la diversité et les modes d'expression des cultures politiques des communautés grecques à l'époque archaïque (650-450 av. J.-C.), à la lumière de travaux récents sur les biens publics et sur la notion même de « public » auxquels il fait partiellement écho. Il s'agit également d'apporter une contribution fragmentaire à la longue histoire de la cité grecque. La dichotomie entre le modèle des « élites » ou de l'« aristocratie », d'une part, et celui des classes « moyennes » ou « populaires », d'autre part, se révèle être un ensemble de comportements relevant d'une mise en scène politique, fondés sur différentes institutions politiques et notamment sur l'accès aux biens publics. Le modèle des « classes moyennes » reflète paradoxalement un accès politique restreint, tandis que la compétition « aristocratique » est en fait une réponse à la tension et à l'incertitude résultant d'une large participation au corps civique. Le système de questions et de gestes relatifs à la distinction n'est donc pas socialement autonome, mais directement lié aux besoins politiques et aux pressions institutionnelles. Cet article cherche donc à démontrer que les biens publics jouent un rôle central dans la formation de la polis archaïque, mais qu'il faut également accorder une place essentielle dans ce processus à l'accès formel à la chose publique et aux droits afférents, c'est-à-dire à l'État et à son développement potentiel. La démarche consistant à replacer l'« État » dans l'histoire de la formation de la cité-État en Grèce n'est pas sans risque (notamment celui de céder à la tentation téléologique), mais elle a le mérite de ne pas tomber dans les mêmes travers que certaines études récentes qui minimisent l'importance de l'État (quand elles ne l'évacuent pas complètement) et réduisent la polis à un simple phénomène de constitution des élites et d'accaparement des biens publics par ces dernières. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
This paper explores the famously diverse and expressive political cultures of the “archaic” Greek communities (650-450 BCE) in the light of recent work on public goods and publicness, to which the present essay partly responds. This contribution may also be considered as a fragment of the long history of the Greek polis. The distinction between “elistist” or “aristocratic” styles and “middling” or “popular” styles, upon closer examination, turns out to be a set of political play-acting gestures, predicated on different political institutions and notably on the access to public goods. The “middling” styles paradoxically reflect restricted political access, while “aristocratic” competition in fact responds to the stress and uncertainties of broad enfranchisement. The whole nexus of issues and gestures surrounding distinction is hence not socially autonomous, but immediately linked to political needs and institutional pressures. This paper thus argues not just for the centrality of public goods to polis formation in early Greece but also for the centrality of formal access and entitlements to the “public thing”—in other words, for the centrality of the state and its potential development. Putting the “state” back in the early history of the Greek city-state: the exercise has its own risks (notably that of teleology), but it attempts to avoid problems arising in recent histories of the polis, where the state is downplayed or indeed dismissed altogether, and the polis reduced to a pure phenomenon of elite capture or elite constitution. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_713_0631 |