Titre | Une jouissance trop promise | |
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Auteur | Jacqueline Barus-Michel | |
Revue | Psychotropes : Revue internationale des toxicomanies et des addictions | |
Numéro | vol. 14, 2008/2 Santé et addiction : du corps humain au corps social | |
Rubrique / Thématique | Dossier thématique |
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Page | 81-91 | |
Résumé |
Il y a toujours eu un besoin irrépressible de recourir à des moyens d'échapper à l'ordinaire et à la souffrance. Les sociétés hypermodernes où règne la consommation de l'image ont ajouté aux substances euphorisantes les fantasmes dispensés par les mirages surmultipliés des écrans. Ce n'est pas à plus de sens que l'on demande de soulager la souffrance, mais à un afflux de sensations. La sensation abolit l'émotion et l'émotion abolit l'affect. Le psychique est ramené au registre de l'organique. L'addiction dilate le champ imaginaire des possibles, mais sur quel mode ? La réalité qui se définit par l'obstacle fait retour sous les figures de la mort. Le symbolique se résorbe en marques ou signes ornementaux, inaptes à dire à l'autre. L'imaginaire se réduit à des fantasmes suggérés, subis passivement. L'addict, devancé dans la production de ses propres désirs, s'obstine dans la répétition à la recherche de l'oubli et de la jouissance. Il en est de même du pervers qui cherche en vain la puissance et la jouissance dans la répétition. Ces conduites compulsives et obsédantes témoignent d'un insupportable manque et de l'illusion de pouvoir devenir le maître de la jouissance alors qu'elle est toujours ratée. Dans cet univers du mirage, il ne reste rien de l'autre ni de la loi, mais comment ceux-ci s'étaient-ils donnés à voir ? Ce sont sans doute les déficiences symboliques des sociétés qui engendrent les maladies du manque. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The irrepressible need to resort to means of escaping from day-to-day reality and suffering has always existed. Hypermodern societies ruled by the consumption of image have added the fantasies bestowed through the over-multiplied mirages on the screens to euphoria - inducing substances. One seeks to alleviate the pain not by looking for more meaning but for more sensations. Sensation abolishes emotion and emotion abolishes affect. The psychic is reduced to the organic. Addiction dilates the imaginary field of the possible but how? Reality, defined by the obstacle, comes back under the faces of death. The symbolic is absorbed in ornamental marks or signs that are unable to express the other. The imaginary reduces itself to passively suffered suggested fantasies. The addict, preceded in the production of their own desires, clings to the repetition, seeking oblivion and jouissance. Likewise, the pervert seeks in vain power and jouissance in repetition. Such compulsive and obsessive behaviours show both an insufferable craving and the illusion of being able to master jouissance even when it is always missed. In such a mirage universe, nothing subsists, neither from the other, nor from the law, but how did the latter present themselves? It is probably the symbolic deficiencies of societies which give rise to the illnesses of the craving. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=PSYT_142_0081 |