Titre | Conservation sociale et émergence contrainte des centres urbains dans les États-paysans des Hautes Terres centrales | |
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Auteur | André Guichaoua | |
Revue | Espace Populations Sociétés | |
Numéro | no 2, 1988 L'urbanisation en Afrique - Urbanization in Africa | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 245-260 | |
Résumé |
Dans un continent où les processus de décomposition des systèmes paysans et d'exode vers les villes sont légions, les Hautes terres centrales « surpeuplées » offrent un exemple de stabilité du monde rural tout à fait exceptionnel. On se trouve pourtant confronté à une situation démographique et économique (densités statistiques, faible productivité agricole et dégradation avancée des terroirs, équilibre alimentaire précaire) qui, « nécessairement », devrait déclencher de fortes propensions migratoires. C'est grâce à un labeur incessant des paysans sur les collines et les marais que le Burundi et le Rwanda réussissent, bon an mal an, à intensifier leur agriculture et à couvrir des besoins en forte croissance. Mais en contrepartie, l'émergence et la reproduction de couches sociales urbaines nouvelles, salariales ou « indépendantes », sont strictement déterminées par l'existence d'éventuels excédents vivriers. Plus précisément, les équilibres économiques et politiques qu'impose la survie de cette civilisation originale ne peuvent être maintenus que grâce à un contrôle rigoureux des mécanismes habituels de différenciation sociale au sein de la paysannerie sans lequel des milliers de paysans paupérisés ou sans terre seraient jetés vers les noyaux urbains. Isolées dans les capitales, alternant entre la dénonciation impuissante d'un présumé « immobilisme » paysan et la répression active des « flux incontrôlés » vers les villes, les bourgeoisies « directoriales » au pouvoir voient leur champ d'activité durablement limité à la seule gestion centrale des productions agricoles exportables et de l'aide extérieure. A terme même, elles sont condamnées à céder une large part de leurs prérogatives et moyens aux communes « rurales » pour assurer la pérennité de l'ordre social et spatial auquel, faute d'alternative autorisée (l'installation dans les villes) ou possible (emplois et revenus extra-agricoles), les populations et, en particulier, les jeunes ruraux déscolarisés se doivent d'adhérer. Ce sont ainsi, paradoxalement, de la bonne volonté paysanne et du dynamisme agricole que procède à terme une hypothétique expansion urbaine. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
Social Conservation and Constraint Emergence of Urban Centres in the Peasant-States of the Central Highlands. In a continent where peasant systems are falling into decay and families swarm into nearby towns, the overcrowded Central Highlands provide us with an extraordinary example of rural stability. We are however faced with a demographic and economic situation (a density comparable with that of Asia, poor agricultural productivity, increasing soil erosion, a precarious food balance) which ought to trigger off a tendency to migrate. It is thanks to the unyielding efforts of the hill peasants that the Burundi and the Rwanda have more or less, managed to intensify their agriculture and meet their ever-growing needs. But on the other hand, the emergence and multiplication of new urban social layers, either self-employed, are strictly determined by the existence of eventual surplus food production. To be precise, the political and economic balance necessary to the survival of this original civilization, can be kept only through strict control of the usual mechanisms of social differenciation among the peasant community. Otherwise thousands of pauperized or landless peasants would be driven to the urban centres. Being isolated in the capital cities, the rulling classes have their range of action continuously limited to the one and only problem of controlling exportable agricultural products and foreign aid. In the end, they are even condemned to surrendering a lot of their privileges and means to the rural communities to guarantee the perenniality of the social and spatial order to which, due to the lack of authorized alternatives (settling in the cities) or possible alternatives Gobs and incomes outside agriculture), the population and in particular, the young peasants at school-leaving age, are to adhere. Paradoxically eventual urban growth will depend on the good-will of the peasant class and on agricultural dynamism. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/doc/espos_0755-7809_1988_num_6_2_1268 |