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Titre Citoyens en principe, indigènes en pratique ? L'obligation scolaire et ses dilemmes à Tahiti sous la IIIe République
Auteur Marie Salaün
Mir@bel Revue Politix
Numéro vol. 29, no 116, 2016 L'État outre-mer
Rubrique / Thématique
Dossier : L'État outre-mer
Page 29-52
Résumé Les Établissements français de l'Océanie sont un cas empiriquement intéressant pour comprendre l'action de l'État français dans ses possessions ultramarines. En vertu d'un régime très particulier qui a vu la moitié des autochtones devenir des citoyens français quand les autres restaient des « sujets indigènes », cette possession lointaine échappe au traditionnel clivage citoyens versus sujets. Si la question de l'exercice effectif des droits politiques a déjà été partiellement analysée, ce n'est pas le cas d'un autre vecteur de la citoyenneté : l'école. Alors que les intérêts de la « mission civilisatrice », et en particulier l'impératif de francisation linguistique de ces nouveaux citoyens français, commandaient l'extension de l'obligation scolaire à Tahiti, elle ne sera adoptée localement qu'en 1897, au terme de deux décennies de débats qui éclairent d'un jour nouveau une tension impériale fondamentale entre la nécessité de considérer comme « égaux » ceux qui étaient, et devaient dans une certaine mesure rester, « différents ». Cet article propose de relire cette tension à l'aune des résistances à la loi métropolitaine, aussi bien du côté des colonisateurs que de celui des colonisés, en montrant d'un côté comment la logique racialiste, officiellement inopérante ici, ne cesse de refaire surface dans le texte public, et de l'autre comment le texte caché des Polynésiens ne cesse de compromettre, en pratique, l'application de la loi.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The French Establishments in Oceania are an interesting empirical case to understand the French State's action in its overseas possessions. Under the terms of a very singular legal system which made half of the natives French citizens while the others remained “native subjects”, this remote possession falls outside the traditional divide between citizens and subjects. While the effectivity of political rights has already been partially analyzed, another important vehicle of citizenship has not been studied, namely, education. Whereas the interests of the “civilizing mission”, and in particular the linguistic requirement of francization, ordered the extension of compulsory education in Tahiti, it was not implemented locally before 1897, after two decades of debates that shed a new light on a fundamental imperial tension between the need to consider as “equal” those who were, and should to a certain extent remain, “different”. This article aims to review this tension in the light of the resistance to the Metropolitan law, both on the part of the colonizers and of the colonized, by showing on the one hand how the racialist logic, officially ineffective in this case, kept resurfacing in public and official writings, and on the other hand, how the Polynesians' hidden transcript, challenged, in practice, the enforcement of the law.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POX_116_0029