Titre | Évaluer le temps de travail hors les murs. Incertitudes et tensions chez les visiteurs médicaux de l'industrie pharmaceutique | |
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Auteur | Jérôme Greffion | |
Revue | Sociologie du travail | |
Numéro | vol.58, no 4, octobre - décembre 2016 Le gouvernement par les indicateurs | |
Rubrique / Thématique | Articles varia |
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Page | 435 | |
Résumé |
Cet article s'intéresse à une situation fréquente, celle des nombreux salariés amenés à travailler hors des locaux de leur entreprise, le plus souvent des commerciaux allant à la rencontre de leurs clients. En croisant ethnographie, statistiques et travail sur archives, il interroge les effets sociaux d'un temps de travail non directement mesurable et donc approximé, à partir de l'exemple des visiteurs médicaux de l'industrie pharmaceutique. Ces effets résultent de deux types distincts d'incertitude. Premièrement, la mesure du temps de travail des visiteurs par un décompte de tâches ne parvient pas à faire correspondre temps de travail réel et temps de travail légal. Cet écart ouvre la possibilité de contestations collectives de cette mesure et de l'expression de rapports de force entre patronat et syndicats pour la transformer dans leur intérêt. La méthode d'estimation du temps de travail retenue structure en retour le temps de travail, qui se révèle être à la fois très inégalitaire au sein du groupe professionnel et en moyenne supérieur au temps légal. Deuxièmement, l'activité des visiteurs médicaux laisse peu de traces et est porteuse à la fois d'une incertitude sur les tâches déclarées et de marges de manœuvre dans ce processus de mesure. Ce pouvoir de contrôle des visiteurs sur leur temps de travail est l'objet d'une régulation diversifiée, par l'employeur et par les pairs, se manifestant par des procès et des tensions dans le collectif de travail. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
This article focuses on a common situation, that of employees working away from their business premises, usually salespeople meeting clients. Combining ethnography, statistics and archival research, it questions the social effects of working hours that are not directly measurable — and therefore approximate — through the example of pharmaceutical sales representatives. These effects arise from two distinct types of uncertainty. First, measuring the working hours of sales representatives by counting tasks creates a mismatch between actual working time and statutory working time. This gap opens up the possibility of collective protests against this measurement and of power struggles between employers and trade unions to alter it in their best interests. In return, the method of estimating hours structures working time, which proves to be both highly unequal across the profession and on average higher than statutory working hours. Second, the work that pharmaceutical representatives do leaves few traces, generating both uncertainty about the tasks reported and leeway in this measurement process. The power of reps to control their working hours is subject to a range of forms of regulation by employers and by peers, which manifest themselves by trials and tensions in the working collective. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/sdt/1263 |