Contenu de l'article

Titre La "guerre hors-la-loi", 1919-1930
Auteur Guillaume Sacriste et Antoine Vauchez
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 151-152, mars 2004 Sociologie de la mondialisation
Rubrique / Thématique
Sociologie de la mondialisation
Page 91
Résumé Les nombreux dispositifs institutionnels de l'entre-deux-guerres visant à imposer la « paix par le droit » sont renvoyés par les auteurs les plus divers au rang de bonnes intentions naïves des démocraties européennes. Parce que « l'esprit de Genève » est ainsi devenu une sorte de mythe négatif de la politique internationale, on s'est interdit de questionner les conditions dans lesquelles ces mécanismes juridiques sophistiqués ont alors acquis une centralité inédite, qui informe encore nos manières de concevoir les relations multilatérales. Le présent article se propose d'étudier comment une communauté transnationale de juristes internationalistes a promu et intéressé hommes politiques et/ou bureaucraties nationales à toute cette ingénierie complexe visant à enserrer les intérêts étatiques dans un système de contraintes objectives.C'est d'abord à la faveur de l'intensité des négociations diplomatiques auxquelles donne lieu l'immédiat après-guerre, que ses porte-parole s'emploient à faire exister un ensemble de positions juridiques relativement autonomes à l'égard des tutelles nationales. En s'appuyant tour à tour sur leurs ressources savantes ou politiques, dans le cadre national ou international, ils alternent prises de position favorables à un ordre juridique international affranchi des souverainetés étatiques et loyauté renouvelée vis-à-vis de leur gouvernement d'origine. Grâce à ce subtil jeu à facettes, ils imposent leurs motifs juridiques au cœur de la politique internationale de l'entre-deux-guerres.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The many institutional devices designed between the two world wars in order to impose “peace by law” are rejected by most authors as naïve expressions of the good intentions of European democracies. To the extent that “the spirit of Geneva” has become a sort of negative myth of international politics, this has impaired research into the conditions in which these sophisticated legal mechanisms came to represent an unprecedented and fundamental model, which still informs our conception of multilateral relations. This article proposes to study how a transnational community of international jurists cultivated and attracted politicians and/or national bureaucracies to this complex machinery in order to insert state interests in this system of objective constraints. Owing to the intensity of the post-war diplomatic negotiations, negotiators managed to establish a set of legal positions relatively autonomous vis-à-vis national authorities. By relying at times on learned arguments, at times on political clout, by acting at the national or international level, they alternated the promotion of an international legal order free from the interference of state sovereignty and a renewed loyalty to their own governments. Thanks to this subtle double game, they imposed their juridical purposes as a central stake of international politics during the interwar period.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_151_0091