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Titre Opérations mentales et théories sémantiques : le rôle du kantisme
Auteur Lia Formigari, Mathilde Anquetit [Trad.]
Mir@bel Revue Histoire, Epistémologie, Langage
Numéro vol.14, n°2, 1992 Théories linguistiques et opérations mentales
Rubrique / Thématique
Théories linguistiques et opérations mentales. Sylvain Auroux [Dir.]
 Articles
Page 153-173
Résumé II est possible, par un patient travail de collage, de reconstruire une < sémantique » kantienne. Mais la considération de ce dispositif éminemment historico-empirique qui est le langage reste hors du dessin de la philosophie transcendantale, elle n'est jamais vraiment intégrée au criticisme. Et pourtant, le rappel kantien à l'élément formel de l'expérience favorise un changement radical de la notion de représentation élaborée au XVIIe siècle et son potentiel d'application aux théories sémantiques. Le premier qui accueille cette suggestion kantienne et l'applique à la composante formative des opérations sémantiques est Herder, justement dans sa critique serrée et souvent obstinée du transcendantalisme de Kant (la Métacriîique de 1799). La nature active des opérations mentales même les plus élémentaires suffit selon Herder à expliquer la naissance de représentations formelles telles que le temps, l'espace et les catégories, qui sont par ailleurs profondément incorporées dans la langue. Cette position du problème entraîne le passage d'une notion plus étroite à une notion élargie de représentation, qui dépasse la métaphysique de la vision qui avait inspiré l'empirisme classique. La représentation, comme structure cognitive non-verbal, pas nécessairement liée aux aspects physiques, et moins encore figuratifs, des objets ou des événements, couvre un rôle important aussi dans la sémantique de Steinthal, qui souligne la nature formative des unités représentatives à tous niveaux, leur nature — comme le dire Cassirer — de formes symboliques.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais A semantic theory can be constructed out of passages scattered in the writings of Kant, but his transcendental approach to philosophy remains inconsistent with a study of the historical and empirical strategies underlying natural languages. However, his appeal to the formal elements of experience has contributed to a deep transformation of the notion of representation as it had been worked out in the 17th century, and to a clearer insight into its possible applications to semantic theories. Herder, in his Metacritics (1799), develops Kant's suggestions when he stresses the formative side of semantic operations ; but, at the same time, he refutes the very foundations of Kant's transcendentalism. The activity of even the most elementary among mental powers can, in his opinion, explain the birth of formal representations such as time, space and the categories. Such forms, far from being a priori, are conditioned by experience and deeply embodied in natural languages. This implies a passage to an enlarged notion of representation overcoming the metaphysics of vision of classical empiricism. Representation, as a cognitive non-verbal structure, not necessarily connected with physical, not to say figurative, aspects of things and events, also plays an important role in the semantic theory of Heymann Steinthal, who stresses the formative import of representational operations at all levels, their nature as symbolic forms, as Cassirer will later style them.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/hel_0750-8069_1992_num_14_2_2359