Contenu du sommaire : Théories linguistiques et opérations mentales
Revue | Histoire, Epistémologie, Langage |
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Numéro | vol.14, n°2, 1992 |
Titre du numéro | Théories linguistiques et opérations mentales |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Théories linguistiques et opérations mentales. Sylvain Auroux [Dir.]
Articles
- Introduction : langage et cognition - Sylvain Auroux p. 1-13
- Le problème du langage intérieur dans la philosophie antique de Platon à Porphyre - Curzio Chiesa p. 15-30 Cet article a pour but d'esquisser une reconstruction de la tradition conceptuelle suivant laquelle la pensée est un langage intérieur. Il examine les premières transformations des hypothèses traditionnelles relatives au langage de la pensée, de la thèse platonicienne suivant laquelle la pensée est un dialogue intérieur de l'âme avec elle-même, jusqu'à la synthèse opérée par Porphyre qui greffe la doctrine platonicienne sur la dichotomie stoïcienne du discours interne et du discours proféré ainsi que sur la trichotomie aristotélicienne des lettres écrites, des sons de la voix et des affections de l'âme. La synthèse porphyrienne représente l'origine philosophique du scheme médiéval des 1res oraliones, suivant lequel il y a trois états du discours : écrit, oral et mental.This paper outlines a reconstruction of the conceptual tradition according to which thought is an internal language. The early transformations of the traditional language of thought hypotheses are examined, from Plato's thesis that thought is a silent dialogue of the soul with itself to Porphyry's synthesis in which Plato's claim is grafted on the Stoic dichotomy of internal and preferred speech and on the Aristotelian trichotomy of written letters, spoken sounds and affections of the soul. This synthesis is the philosophical origin of the medieval très oraliones scheme, according to which there are three states of discourse : written, spoken and mental.
- Perception et discours dans l'ancien stoïcisme - Frédérique Ildefonse p. 31-45 Si les Stoïciens, particulièrement dans le statut accordé à la représentation comprehensive, développent et élaborent le lien entre perception et discours, la définition de la représentation comme altération, plutôt que comme impression, me paraît viser à sauvegarder la dimension d'une multiplicité perceptive. Mon objet est d'examiner comment cette multiplicité inhérente à la perception doit être transcrite dans le discours, puis comment cette transcription nécessite la distinction entre deux types de partition du discours, répondant aux deux expressions de mérè tou logou d'une part, sloicheia tou logou d'autre part.As the Stoics (particularly through the status they grant to apprehensive representation) work out the relationship between perception and discourse, their definition of representation as alteration rather than impression may be understood as an effort to uphold perceptive multiplicity. I endeavour to find out how the multiplicity which perception implies is to be transcribed into discourse, and why such a transcription requires us to distinguish between two ways of partitioning discursive language, which are hinted at by the two expressions mérè tou logou and sloicheia tou logou.
- Some Remarks on the role of mental sentence in medieval semantics - Gabriel Nuchelmans p. 47-59 RÉSUME : Après avoir présenté la notion de langage mental comme elle a été élaborée notamment par Guillaume d'Ockham, cette communication se concentre sur le rôle des propositions mentales dans l'interprétation logique d'attributions de croyance. D'abord, les positions divergentes soutenues par Frege et Searle sont esquissées. Ensuite la question est posée comment le logicien Parisien Jean Buridan (XIVe siècle) traiterait les énoncés du type 'Le shérif croit que M. Howard est un homme honnête'. Il est conclu que malgré maintes différences superficielles au fond la théorie de Buridan a une ressemblance remarquable avec l'analyse proposée par Searle. En particulier, les deux auteurs sont d'avis que dans le discours indirect les mots 'M. Howard est un homme honnête' gardent leur signification ordinaire quant à la référence et la prédication.After introducing the notion of mental language as it was developed especially by William of Ockham this article focuses on the role of mental sentences in the logical interpretation of belief-ascriptions. First, the divergent positions advocated by Frege and Searle are outlined. Next, it is asked how the fourteenth- century Parisian logician Jean Buridan might hare handled such statements as "The sheriff believes that Mr. Howard is an honest man'. It is concluded that in spite of many superficial differences, at bottom Buridan's view is rather similar to Searle's account. In particular, both authors hold that in reported speech the words 'Mr. Howard is an honest man' keep their usual meaning as far as reference and predication are concerned.
- Interjections et expression des affects dans la sémantique du XIIIe siècle - Irène Rosier p. 61-84 L'interjection suscite d'étonnantes discussions chez les grammairiens du milieu du XIIIe siècle. Sur le plan sémiotique d'abord, elle occupe une place intermédiaire entre signes conceptuels et signes naturels. Ce classement lui-même relève d'une analyse des affects, empruntée à des sources théologiques et philosophiques : il fait intervenir en effet, toute une philosophie de l'action, à partir de la dialectique entre les passions et la raison et la volonté. Ce sont toutes ces discussions qui interviennent dans l'établissement de différents systèmes de classification des types d'interjections.Interjections are the source of surprising debates among the grammarians of the middle of the 13th century. At the semiotic level, they stand between conceptual signs and natural signs. The place they are assigned depends on an analysis of affects borrowed from theological and philosophical sources : it involves a philosophy of action, stemming from a dialectic between passions on the one hand and reason and will on the other hand. The same discussions lie behind the varrous systems presenting classifications of the types of interjections.
- Sémiotique et problématique corps-esprit chez Leibniz et les occasionnalistes - Gennaro Auletta p. 85-106 Leibniz, en s 'opposant aux occasionnantes à propos de leur conception des rapports entre le corps et l'esprit, s'est engagé dans un débat qui a influencé de façon décisive l'élaboration de sa théorie du signe. Les études consacrées à l'oeuvre de Leibniz n'ont pas encore utilisé pleinement cette perspective d'interprétation. Mais surtout l'examen de ce débat entre Leibniz et les occasionnalistes nous permet d'esquisser un rapprochement nous semble-t-il fructueux, entre les théories du langage et les théories sur le rapport entre l'esprit et le corps dans la philosophie du XVIIe siècle. Cet article se propose donc d'être un premier pas en direction d'une reconstruction des rapports entre ces deux domaines à cette époque.Leibniz, when he opposed the occasionalists's conception of the relationship between the body and the mind, entered into a debate that was deeply to influence him when he evolved his theory of the sign. The studies devoted to Leibniz's work have not so far made full use of this line of interpretation. Besides, the examination of the debate between Leiniz and the occasionalists makes it possible to draw a (to my mind, fruitful) parallel between the theories of language and the theories on the mind-body relationship in 17 th century philosophy. This paper is meant to be the first step towards the reconstruction of the links between the two domains at the time.
- « Filum meditandi »: Semiotics and Scientific Knowledge in the thought of G. W. Leibniz - Stefano Gensini p. 107-127 Cet essai étudie la théorie leibnizienne de la characteristica universalis dans le contexte des théories gnoséologiques du philosophe. On fait allusion en particulier à la notion de 'pensée aveugle ou symbolique' et à la fonction de l'imagination. Après une comparaison avec les différentes conceptions de Bacon et de Descartes, on définit la nature proprement sémiotique de la théorie de Leibniz. Les considérations finales sont consacrées à son projet de réorganisation des sciences exposé dans le dernier chapitre des Nouveaux essais sur l'entendement humain.This essay investigates Leibniz' theory of the characteristica universalis in the framework of his general gnosiological insights. Special attention is paid to the concept of 'blind or symbolic thought'as well as to the functions of 'imagination'. By means of a comparison with the different orientations of Bacon and Descartes, Leibniz' theory is clarified as properly semiotic in nature. Final considerations are devoted to his plan of reassembling scientific disciplines in the last chapter of Nouveaux essais sur l'entendement humain.
- How pure is pure reason ? Language, Empirical Concepts, and Empirical Laws in Kant's Theory of Knowledge - Marcelo Dascal, Taro Senderowitcz p. 129-152 Quel est le rapport entre langage et pensée dans la théorie de la connaissance de Kant ? Quelle fonction a ou doit avoir le langage dans cette théorie ? Comment la communication est-elle possible d'après Kant, et quel est son rôle dans la formation des connaissances ? Le bien connu silence de Kant sur ces questions est d'autant plus surprenant que le débat philosophique sur le langage était plus intense dans son temps. Le but de cet article est de montrer que ces questions ne pourraient pas être indifférentes à Kant. En explorant leur place dans sa théorie de la connaissance, il est possible de découvrir des difficultés de cette théorie qui, autrement, resteraient bien cachées. L'importance du langage et les difficultés que son explication posent à Kant peuvent être mis en relief par un examen des rapports entre langage, concepts empiriques et lois empiriques. Nous essayons de montrer que l'explication des concepts et des lois empiriques au sein de la théorie kantienne du jugement n'est pas possible sans faire appel au langage — ce que Kant lui même a implicitement reconnu. En même temps, l'effort pourWhat is the relationship between language and thought in Kant's theory of knowledge ? What function has (or should have) language in that theory ? How is communication possible according to Kant, and what function does it serve in the formation of knowledge ? Kant's notorious silence on these issues is, to say the least, puzzling in the light of the intensity of the philosophical interest in language and cognition at his time. The aim of this paper is to show that these issues could not be indifferent to Kant. By probing into their significance within his theory of knowledge, it is possible to disclose difficulties of this theory that otherwise remain hard to detect. The significance of language and the difficulties that accounting for it presents for Kant's system can best be seen by examining the relations between language, empirical concepts, and empirical laws. We argue that explaining empirical concepts and empirical laws within Kant's theory of judgment is not possible at all without recognizing the essential role of language, a role that was partly acknowledged by Kant himself. At the same time, understanding how empirical concepts are possible uncovers a systematic confusion wilhin Kant's theory of judgment, a confusion that affects Kant's epistemological project as a whole.
- Opérations mentales et théories sémantiques : le rôle du kantisme - Lia Formigari, Mathilde Anquetit [Trad.] p. 153-173 II est possible, par un patient travail de collage, de reconstruire une < sémantique » kantienne. Mais la considération de ce dispositif éminemment historico-empirique qui est le langage reste hors du dessin de la philosophie transcendantale, elle n'est jamais vraiment intégrée au criticisme. Et pourtant, le rappel kantien à l'élément formel de l'expérience favorise un changement radical de la notion de représentation élaborée au XVIIe siècle et son potentiel d'application aux théories sémantiques. Le premier qui accueille cette suggestion kantienne et l'applique à la composante formative des opérations sémantiques est Herder, justement dans sa critique serrée et souvent obstinée du transcendantalisme de Kant (la Métacriîique de 1799). La nature active des opérations mentales même les plus élémentaires suffit selon Herder à expliquer la naissance de représentations formelles telles que le temps, l'espace et les catégories, qui sont par ailleurs profondément incorporées dans la langue. Cette position du problème entraîne le passage d'une notion plus étroite à une notion élargie de représentation, qui dépasse la métaphysique de la vision qui avait inspiré l'empirisme classique. La représentation, comme structure cognitive non-verbal, pas nécessairement liée aux aspects physiques, et moins encore figuratifs, des objets ou des événements, couvre un rôle important aussi dans la sémantique de Steinthal, qui souligne la nature formative des unités représentatives à tous niveaux, leur nature — comme le dire Cassirer — de formes symboliques.A semantic theory can be constructed out of passages scattered in the writings of Kant, but his transcendental approach to philosophy remains inconsistent with a study of the historical and empirical strategies underlying natural languages. However, his appeal to the formal elements of experience has contributed to a deep transformation of the notion of representation as it had been worked out in the 17th century, and to a clearer insight into its possible applications to semantic theories. Herder, in his Metacritics (1799), develops Kant's suggestions when he stresses the formative side of semantic operations ; but, at the same time, he refutes the very foundations of Kant's transcendentalism. The activity of even the most elementary among mental powers can, in his opinion, explain the birth of formal representations such as time, space and the categories. Such forms, far from being a priori, are conditioned by experience and deeply embodied in natural languages. This implies a passage to an enlarged notion of representation overcoming the metaphysics of vision of classical empiricism. Representation, as a cognitive non-verbal structure, not necessarily connected with physical, not to say figurative, aspects of things and events, also plays an important role in the semantic theory of Heymann Steinthal, who stresses the formative import of representational operations at all levels, their nature as symbolic forms, as Cassirer will later style them.
- Pathologies et philosophies du langage - Antonio Pennisi p. 175-201 Ce travail est consacré à la reprise du débat sur les pathologies du langage entre la fin du XVIIe siècle et le milieu du XIXe siècle. La première partie traite de l'histoire de la rééducation de sourds-muets selon les deux écoles thérapeutiques les plus importantes : les partisans du langage des signes et les partisans du reconditionnement oral. La deuxième partie porte sur l'histoire de l'aphasie et les théories des localisateurs et des unitaristes dans la pratique clinique. Le but du travail est de commencer un discours reconstruct! f autour de l'histoire de la linguistique en se fondant sur les rapports entre linguistique, neurosciences et science de la simulation (mécanique et non-mécanique) pour utiliser ces reconstructions dans le domaine des débats théoriques de la linguistique du XX* siècle, où une comparaison avec les sciences cognitives d'avant-garde devient de plus en plus nécessaire.This paper is devoted to the resumption of the debate over the pathological disorders that affect language between the end of the 17th century and the middle of the 19th century. The first part deals with the history of the rehabilitation of the deaf and dumb according to the two most influent therapeutic schools : the advocates of sign language and the advocates of oral re-training. The second part bears on the history of aphasia and on the theories of the localize» and of the Unitarians in clinical practice. The aim of this work is to lay the foundations of a reconstructive analysis of the history of linguistics based on the relationship between linguistics, the neurosciences and the science of simulation (both mechanical and non mechanical). The reconstruction will then be used to examine the field of theorical debates in 20th century linguistics, where a comparison with the pioneering cognitivist sciences is growing more and more necessary.
- Linguistic meaning and perceptual acquaintance : Paul and Husserl on 'occasional expressions' - Paolo Spinicci p. 203-218 Dans les Prinzipien der Sprachgeschichle de Paul la théorie des expressions occasionnelles représente un des thèmes sur lequel il faut s'arrêter pour mieux comprendre la dynamique psychologique du changement de la signification des mots. La psychologie du langage des Prinzipien s'inspire de Herbart, mais c'est à la théorie du jugement de Sigwart que Paul se rapporte pour résoudre le problème des expressions occasionnelles. La théorie des expressions occasionnelles est discutée par Husserl dans ses « Recherches logiques ». Dans ses analyses, Husserl est surtout guidé par un intérêt logique ; cependant dans ses pages on retrouve aussi une description phénoménologique des actes de conscience impliqués dans la compréhension et la réalisation d'expressions occasionnelles.In Paul's Prinzipien der Sprachgeschichle the theory of 'occasional expressions' is one of the topics one has to dwell one wants to understand the psychological reasons according to which words change their meaning. Herbart is at the roots of Paul's psychological understanding of language, but it is in Sigwart's theory of judgment that Paul looks for a psychological explanation of deixis. Paul's theory of 'occasional expressions' is discussed by Husserl in his Logical Investigations. In his analyses of deixis, Husserl's object is first of all, his philosophy of logic ; notwithstanding this, in his discussion of the problem there is also a phenomenological description of the mental operations entailed by the utterance and the comprehension of deictic expressions.
- Marty, le jugement thétique et les débuts de la grammaire de la quantification - Richard Zuber p. 219-229 L'auteur se propose de relier certaines idées qu'a eues Marty en philosophie du langage — notamment sa distinction entre le jugement thétique et le jugement catégorique — , aux recherches actuelles portant sur les quantificateurs. Trois aspects de ces dernières sont envisagés : l'ambiguïté catégorielle des syntagmes nominaux à quantificateur, la spécificité ou la non-spécificité de l'univers de référence, et le problème de l'import existentiel et du caractère nomique des phrases à quantificateur.It is suggested that some results of Marty's research in the philosophy of language, in particular his distinction between thetic and categorical judgments, can be related to some aspects of the current research on quantifiers. Three points are considered : the categorial ambiguity of quantified noun phrases, the specificity and non-specificity of the discourse of reference and the existential import and law-like character of some sentences with quantifiers in subject position.
- Du travail de l'esprit à la danse de la coordination - Jürgen Trabant p. 231-244 En critiquant le représentationnisme traditionnel de la théorie cognitiviste standard selon laquelle la cognition serait une représentation du monde extérieur et le langage aurait comme fonction de représenter cette représentation pour ensuite la communiquer aux autres, les biologues chiléens Humberto Maturana et Francisco Varela ont développé une conception du langage qui, sous maints égards, se rapproche de celle de Humboldt. L'article tâche de confronter la conception humboldtienne du « travail de l'esprit » avec la théorie de Maturana et Varela qui dissout radicalement toute représentation dans une « danse de la coordination ».Criticizing the traditional representationism of the standard theory of the cognitive sciences according to which cognition is a representation of the outside world and language represents this representation in order to communicate it to others, the Chilean biologists Humberto Maturana and Francisco Varela have developed a language theory which is in many respects close to Humboldt's. The paper tries to confront Humboldt's conception of the « labor of the spirit » with Maturana and Varela's theory a vision of language as « a dance of behavioral coordination ».
- L'intensionnalisme sans le réel : de Bolzano à Katz - Joëlle Proust p. 245-257 On s'intéresse ici à la perspective sémantique consistant à maintenir strictement disjoints la définition réelle (ayant trait à l'objet et à ses propriétés) et la définition nominale (concernant la représentation ou le sens et ses constituants). Ainsi Bolzano montre-t-il que des paradoxes surgissent quand on donne une interprétation < réelle » de la composition < nominale ». Cependant Putnam dans une série d'articles célèbres donne des arguments tendant à démontrer qu'il n'existe pas de classes de vérités qui soient d'ordre purement sémantique ou nominal : les usages linguistiques dépendent toujours d'un état du monde. Les arguments de Putnam peuvent toutefois être efficacement combattus en abandonnant certaines exigences propres à la sémantique frégéenne. On montre les affinités entre la stratégie suggérée par Katz dans une série de travaux récents et celle de Bolzano.This paper deals with the semantic approach which makes a strict opposition between real definitions, having to do with objects and their properties, and nominal ones (which analyse representations or meanings into their constituent parts). In defense of this approach, Bolzano shows that paradoxes arise when one tries to fuse together < real » interpretation and nominal combination. Putnam however argues in a collection of well-known papers that there is no class of truths of a purely semantic or nominal nature. Linguistic uses always depend on states of the world. It is shown that once some of the requirements of a Fregean kind are dropped. Putnam's arguments can be countered. Katz's own strategy on this issue is compared with Bolzano's.
- Représentations de mot et représentations de chose chez Freud : pour une métaphychologie du langage - Paul-Laurent Assoun p. 259-279 La thématique des « representations de choses » et des « représentations de mots », centrale dans la « métapsychologie » freudienne — c'est-à-dire la super-structure théorique de la psychanalyse — constitue un apport déterminant à la problématique de la pensée et du langage. L'examen de la genèse de ce couple notionnel chez Freud — depuis l'essai sur les aphasies de la période pré-psychânalytique (1891) jusqu'aux elaborations de la méla-psychologie proprement dite des années 1915-1923 — permet de juger de la contribution freudienne aux enjeux centraux des < théories mentales » et des < opérations linguistiques ». Conception dépendante des débats autour de l'associationisme logique du XIXe siècle (cf. l'influence de John Stuart Mill) qui conquiert progressivement son originalité en référence à l'expérience « clinique » : cf. le lien entre psychose, rêve et pensée. La confrontation de la conception freudienne à laThe « representation of things » and the « representation of words » are central and recurrent themes in Freud's « mctapsychology » — the theoretical superstructure of psychoanalysis. They constitute a decisive contribution to the theory of the relationship between language and thought. An examination of the genesis of these two concepts in Freud's work — from the essay on the kinds of aphasia written in the pre-psychoanalytical period (1891) up to the development of metapsychology proper in the years 1915-1923 — makes it possible to evaluate Freud's contribution to such essential issues as the < theories of the mind » and of « linguistic operations ». Freud's views, which are originally related to the logical associationism of John Stuart Mill, can be seen to evolve towards specificity thanks to clinical experience (links between psychosis, dreams and thought). It is then possible to view the comparison between Freud's conception and Ferdinand de Saussure's linguistic approach in more accurate terms and with a better idea of what is at stake. Freud's theory of the Thing and the Metapsychology of the « speaker > make it possible to introduce the missing link between language and thought : the < unconscious ».