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Titre Un parcours calédonien : Dialogue avec Alban Bensa et Benoît Trépied
Auteur Alain Christnacht
Mir@bel Revue Mouvements
Numéro no 91, août 2017 Dossier : Kanaky Nouvelle-Calédonie : situations décoloniales
Page 67-81
Résumé Le parcours d'Alain Christnacht, atypique au sein de la haute fonction publique, est lié à l'histoire calédonienne. Il est en effet secrétaire général de Nouvelle-Calédonie de juillet 1980 à septembre 1982, puis chargé de la sous-direction des Affaires politiques du ministère de l'Outre-mer lors des négociations de la table ronde de Nainville-les-Roches (décembre 1982-août 1983). Il est ensuite sollicité par Louis Le Pensec, ministre des DOM-TOM dans le second gouvernement Rocard (juin 1988-janvier 1991), en tant que directeur de cabinet, jouant un rôle central dans la préparation de l'accord d'Oudinot (20 août 1988) qui précise les aspects institutionnels de l'accord de Matignon du 26 juin précédent, puis dans leur mise en œuvre, cette fois en tant que Haut-commissaire de la République de la Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna, du 15 janvier 1991 au 29 juillet 1994. Il est ensuite nommé le 9 juin 1997 au cabinet de Lionel Jospin en tant que conseiller pour les affaires intérieures et l'Outre-mer, coordonnant à nouveau les négociations qui mèneront à l'accord de Nouméa du 5 mai 1998. Nommé au Conseil d'Etat en 2002 – qu'il quitte en 2015 pour la direction du cabinet de Christiane Taubira –, le Premier ministre Manuel Valls lui confie en 2014 une « mission d'écoute, de dialogue et de conseil » en Nouvelle-Calédonie, qui a remis son rapport en octobre 2016 dans la perspective de la consultation d'autodétermination à venir. Mouvements souhaitait interroger cette cheville ouvrière de l'État français lors des séquences-clés de l'histoire politique et institutionnelle de Kanaky des trente dernières années, fin connaisseur de l'île, et dont la plupart des protagonistes impliqués dans les négociations successives saluent la capacité à contribuer aux conditions des compromis. Nous avons ainsi organisé un dialogue avec Alban Bensa, l'un des principaux acteurs, depuis ses terrains kanak, du renouvellement de l'anthropologie décoloniale, compagnon de route des indépendantistes kanak depuis la séquence insurrectionnelle de 1984-1988, et avec Benoît Trépied, dont les recherches développent une anthropologie politique de la citoyenneté en contexte (post)colonial à partir notamment d'un terrain de longue durée à Koné. Tous trois offrent une mise en perspective des évolutions institutionnelles de l'île depuis le début des années 1980, en restituant les principales lignes de clivage qui ont présidé et suivi chaque négociation, en faisant part aussi de leurs inquiétudes quant à la conjonction potentiellement explosive entre une forte incertitude politique en amont de la consultation à venir et une situation sociale marquée par le durcissement des rapports sociaux et la grande précarité d'une part croissante de la population, en particulier kanak.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MOUV_091_0067