Contenu du sommaire : Dossier : Kanaky Nouvelle-Calédonie : situations décoloniales
Revue | Mouvements |
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Numéro | no 91, août 2017 |
Titre du numéro | Dossier : Kanaky Nouvelle-Calédonie : situations décoloniales |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Olivier Roueff, Elise Castel, Simon Cottin-Marx, Nacira Guénif-Souilamas, Pascal Hébert p. 7-14
- L'Océanie peut-elle être décolonisée ? - Natacha Gagné, Marie Salaün p. 15-23 Invisible dans l'historiographie de la colonisation, tout comme dans celle de la décolonisation, la Nouvelle-Calédonie appartient à cet espace géographique oublié du monde colonisé, l'Océanie. Les situations coloniales diverses qui se rencontrent dans cette partie du globe, une fois rappelé leur contexte historique et politique, permettent d'appréhender le sort spécifique de la population kanak de Nouvelle-Calédonie sous un jour nouveau. Longtemps victime d'une colonisation de peuplement, la sortie du colonialisme, comme le suggèrent les cas de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, engage pour le peuple kanak bien plus qu'un surcroît d'autonomie ou le recouvrement d'une souveraineté nationale.
- Colonisation de peuplement et autochtonie : réflexions autour des questions d'autodétermination, de décolonisation et de droit de vote en Nouvelle-Calédonie - Stéphanie Graff p. 24-34 Le 2 décembre 2016 a marqué le trentième anniversaire de la réinscription de la Nouvelle-Calédonie sur la liste des territoires non autonomes des Nations Unies. Colonie de peuplement de la France depuis la prise de possession en 1853, la Nouvelle-Calédonie est engagée dans un processus de décolonisation depuis la table ronde de Nainville-les-Roches en 1983 et davantage encore depuis la signature des Accords de Matignon-Oudinot en 1988 et la signature de l'Accord de Nouméa en 1998 par l'État français, le Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste (FLNKS) et le Rassemblement Pour la Calédonie dans la République (RPCR). En effet, la majorité indépendantiste composant le peuple kanak, peuple autochtone et colonisé, revendique historiquement son indépendance et sa souveraineté et s'oppose aux flux migratoires le rendant progressivement minoritaire dans son pays. Dans ce contexte, le droit de vote, surtout s'agissant de l'autodétermination et de l'indépendance, devient « la mère des batailles ». Trente ans après la réinscription sur la liste des territoires non autonomes des Nations Unies, la question du droit de vote est ainsi toujours extrêmement sensible en Nouvelle-Calédonie. En mars 2016, une mission d'observateur·rices mandaté·es par les Nations Unies a même été déployée, reconduite en 2017. Elle est chargée d'observer l'établissement et la révision des listes électorales, particulièrement celles concernant les élections provinciales et la consultation sur l'accession du pays à la pleine souveraineté, prévue par l'Accord de Nouméa, devant se dérouler à partir de 2018.
- Le destin commun en Nouvelle-Calédonie : entre projet national, patrimoine minier et désarticulations historiques - Pierre-Yves Le Meur p. 35-45 La Nouvelle-Calédonie est à l'orée d'une nouvelle ère dont les contours se dessineront plus précisément à l'issue du référendum d'autodétermination prévu par l'accord de Nouméa de 1998. Ce référendum aura lieu six mois avant la fin de l'actuelle mandature provinciale, donc au plus tard avant novembre 2018. La question, dont la formulation reste à spécifier, portera sur l'indépendance pleine et entière de ce territoire du Pacifique Sud colonisé par la France depuis 1853. L'accord de Nouméa, accord de « décolonisation négociée » signé par les représentant·e·s des blocs indépendantistes et anti-indépendantistes et le gouvernement français, prolonge l'accord de Matignon-Oudinot, également tripartite, qui avait mis fin à la séquence violente des « événements » (1984-88) inextricablement composés d'éléments de guerre civile et de lutte anticoloniale. Cette imbrication résulte d'une trajectoire singulière de colonisation de peuplement qui a construit une société particulièrement cloisonnée. Les mots de la « décolonisation négociée » – expression officielle et donc part intégrante de ce vocabulaire structurant les accords politiques – sont le « rééquilibrage » économique entre provinces et groupes socio-ethniques1, dans lequel l'économie minière joue un rôle pivot, et le « destin commun », formalisé par une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie :« Il est aujourd'hui nécessaire de poser les bases d'une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie, permettant au peuple d'origine de constituer avec les hommes et les femmes qui y vivent une communauté humaine affirmant son destin commun » (accord de Nouméa, 1998, préambule, article 4).Trois autres termes participent de ce champ lexical : « identité », « souveraineté » et « reconnaissance ».
- La Calédonie et sa réponse à la crise - Mathias Chauchat p. 46-54 Au-delà de la question institutionnelle, l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie devra nécessairement passer par une autonomie économique au moins relative. Or, elle en est loin comme le montre Mathias Chauchat, s'inquiétant du cercle vicieux de l'économie assistée au sortir d'une période d'embellie qui a pu masquer les faiblesses structurelles de l'île. Aux investissements continués de l'État français, renflouant pour mieux mettre en dépendance et justifier sa présence, répondent les débats impossibles sur la maîtrise voire le renoncement aux mannes venues de Paris, et sur la construction d'alternatives durables.
- Quatre décennies de féminisme kanak - Christine Salomon p. 55-66 Des mobilisations féministes radicales ont tenté d'imposer, au début des années 1980, la lutte contre les dominations masculines à l'agenda politique de l'indépendantisme kanak. Si elles ont en partie échoué, leur audience s'est néanmoins élargie dans les années 1990 à travers le mouvement associatif. La période récente voit pourtant leur voix s'amoindrir dans un contexte qui semble inciter à mettre au second plan les divergences internes et à ne pas prêter le flanc aux instrumentalisations racistes de l'idéal d'égalité entre les sexes. Cette hiérarchisation des priorités pourrait s'avérer risquée, en particulier si l'écriture d'un droit coutumier kanak en venait à officialiser la différenciation des rôles sexués.
- Un parcours calédonien : Dialogue avec Alban Bensa et Benoît Trépied - Alain Christnacht p. 67-81 Le parcours d'Alain Christnacht, atypique au sein de la haute fonction publique, est lié à l'histoire calédonienne. Il est en effet secrétaire général de Nouvelle-Calédonie de juillet 1980 à septembre 1982, puis chargé de la sous-direction des Affaires politiques du ministère de l'Outre-mer lors des négociations de la table ronde de Nainville-les-Roches (décembre 1982-août 1983). Il est ensuite sollicité par Louis Le Pensec, ministre des DOM-TOM dans le second gouvernement Rocard (juin 1988-janvier 1991), en tant que directeur de cabinet, jouant un rôle central dans la préparation de l'accord d'Oudinot (20 août 1988) qui précise les aspects institutionnels de l'accord de Matignon du 26 juin précédent, puis dans leur mise en œuvre, cette fois en tant que Haut-commissaire de la République de la Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna, du 15 janvier 1991 au 29 juillet 1994. Il est ensuite nommé le 9 juin 1997 au cabinet de Lionel Jospin en tant que conseiller pour les affaires intérieures et l'Outre-mer, coordonnant à nouveau les négociations qui mèneront à l'accord de Nouméa du 5 mai 1998. Nommé au Conseil d'Etat en 2002 – qu'il quitte en 2015 pour la direction du cabinet de Christiane Taubira –, le Premier ministre Manuel Valls lui confie en 2014 une « mission d'écoute, de dialogue et de conseil » en Nouvelle-Calédonie, qui a remis son rapport en octobre 2016 dans la perspective de la consultation d'autodétermination à venir. Mouvements souhaitait interroger cette cheville ouvrière de l'État français lors des séquences-clés de l'histoire politique et institutionnelle de Kanaky des trente dernières années, fin connaisseur de l'île, et dont la plupart des protagonistes impliqués dans les négociations successives saluent la capacité à contribuer aux conditions des compromis. Nous avons ainsi organisé un dialogue avec Alban Bensa, l'un des principaux acteurs, depuis ses terrains kanak, du renouvellement de l'anthropologie décoloniale, compagnon de route des indépendantistes kanak depuis la séquence insurrectionnelle de 1984-1988, et avec Benoît Trépied, dont les recherches développent une anthropologie politique de la citoyenneté en contexte (post)colonial à partir notamment d'un terrain de longue durée à Koné. Tous trois offrent une mise en perspective des évolutions institutionnelles de l'île depuis le début des années 1980, en restituant les principales lignes de clivage qui ont présidé et suivi chaque négociation, en faisant part aussi de leurs inquiétudes quant à la conjonction potentiellement explosive entre une forte incertitude politique en amont de la consultation à venir et une situation sociale marquée par le durcissement des rapports sociaux et la grande précarité d'une part croissante de la population, en particulier kanak.
- Alleluia Destin commun - Paul Wamo p. 83-88 Paul Wamo Taneisi est un poète kanak - conteur, slameur, écrivain, performeur... – devenu une figure générationnelle en Kanaky et un artiste reconnu bien au-delà1. Né à Lifou en 1981, ayant grandi dans les faubourgs populaires de Nouméa, il enseigne le drehu dans des établissements scolaires et anime des ateliers de slam puis, après la bonne réception en 2006 de son premier recueil de poèmes, Les Pleurnicheurs, décide de se consacrer entièrement à son art. Il produit alors plusieurs disques ainsi que des spectacles, tournant sur de nombreuses scènes en Kanaky et en métropole, mêlant poésie, musique et danse, rythmes kanak et hip-hop. Résolument engagé, il parle du déracinement et de la rencontre culturelle, dénonce les inégalités sociales et les non-dits coloniaux, critique les élites politiques et économiques. Il nous fait l'honneur d'un slam évoquant la colère et l'incertitude qui sourdent sous les injonctions à un « destin commun » auquel personne ne semble proposer de perspectives pratiques.
- Vingt-cinq ans de politiques de réduction des inégalités : quels impacts sur l'accès aux diplômes ? - Samuel Gorohouna, Catherine Ris p. 89-98 Les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) ont initié des politiques de réduction des inégalités. Pourtant, malgré les progrès considérables accomplis, les inégalités géographiques et ethniques restent fortes dans la société calédonienne. L'accès au diplôme en particulier est fortement déterminé par un facteur ethnique.
- L'école à l'heure du « Projet éducatif de la Nouvelle-Calédonie » : une école décolonisée ? : Entretien avec L'Union des Groupements de Parents d'Elèves de Nouvelle-Calédonie - Marie Salaün, Rémi Duclos p. 99-106 L'histoire de la scolarisation des Kanak est marquée par une longue période de ségrégation dans des « écoles indigènes » missionnaires puis officielles : les petit·es indigènes sont exclu·es du système scolaire français réservé aux enfants des colons, et il leur est impossible de suivre les mêmes programmes ou de passer les mêmes examens1. La fin de l'indigénat et l'accession à la citoyenneté des Kanak marquent la fin de cette époque au lendemain de la seconde guerre mondiale. Au nom de l'assimilation, l'école française telle qu'elle fonctionne en métropole est imposée à tou·tes. Un Inspecteur général qualifiera le rendement de cette école de « dérisoire » à la fin des années 1970, tant les promesses de l'égalité des chances républicaine sont loin d'être tenues pour les enfants autochtones. Doublement accusée de marginaliser les Kanak, en leur interdisant la réussite dans le monde des Blanc·hes et en les coupant de leurs racines, l'école, qualifiée de « difficile » par Jean-Marie Tjibaou est, avec la terre, au cœur du contentieux colonial qui éclate avec les « événements » (1984-1988). Au-delà de l'inadaptation des programmes, la question de la langue d'enseignement est l'objet de nombreuses crispations car le refus du monopole de la langue française comme langue de la scolarisation est perçu comme le refus de la présence française. Le déclenchement des « événements » en 1984 entraîne une politisation de la question de la place des langues et de la culture à l'école, et un durcissement des positions : alors que l'État français continue de faire la sourde oreille devant la demande réitérée d'introduire un enseignement en langues kanak, les militant·es s'organisent et décrètent un boycott de « l'école coloniale ».
- Agir pour l'équilibre écologique et autonomie alimentaire en Nouvelle-Calédonie : Entretien avec Thibaut Bizien - Armelle Andro, Simon Cottin-Marx p. 107-113 Dans cet entretien, Thibaut Bizien nous fait découvrir les actions de l'association Caledoclean et, à travers elle, les enjeux écologiques de la Nouvelle-Calédonie : pollutions, équilibres et déséquilibres des écosystèmes, etc. Il revient aussi sur un enjeu de taille pour l'avenir de l'archipel : l'autonomie alimentaire.
- Patriarcat kanak, patriarcat colonial - Hélène Nicolas p. 114-121 En France comme dans de nombreux pays et instances internationales, les inégalités entre les sexes servent de plus en plus à opposer « nous » et « eux », soit l'Occident supposé égalitaire et ses « autres » supposés patriarcaux ou bien l'élite « éclairée » et son peuple « obscurantiste ». Cette instrumentalisation raciste et classiste du féminisme masque la perpétuation de la domination masculine parmi les groupes majoritaires, assigne les groupes minorisés à une forme d'arriération prémoderne et tend un piège particulièrement retors aux luttes féministes – comment continuer à dénoncer le patriarcat à l'œuvre parmi les dominé·es sans contribuer à cette altérisation ? La notion de « jonction patriarcale » proposée par Julieta Paredes à partir des mobilisations féministes amérindiennes offre un outil précieux pour déjouer ce piège. Hélène Nicolas éclaire ainsi la situation calédonienne en montrant la « double peine » imposée aux femmes kanak·es du fait de la convergence entre patriarcat colonial et patriarcat kanak.
- « L'indépendance passe par le soutien à la création culturelle » : Entretien avec Richard Digoué - Elise Castel p. 122-129 Richard Digoué libère les corps. En 2001, il présente un spectacle de danse contemporaine qui, pour la première fois, met en scène des danseurs kanak, dénudés de surcroît. Ces créations ont ouvert le débat sur la création culturelle kanak - quelle place laissée aux traditions ? quelles ouvertures aux métissages ? – et plus largement sur des questions sociales : la sexualité, l'homosexualité, le genre, la représentation du corps.Très empreint des paroles de Jean-Marie Tjibaou qui place la culture au centre de son discours, Digoué porte un regard critique sur les politiques culturelles mises en œuvre ces dernières années. Derrière les crédits qui s'amenuisent, il dénonce l'absence de vision, l'enfermement communautaire et le manque d'intérêt porté aux artistes.
- L'export du nickel au cœur du débat politique néo-calédonien - Christine Demmer p. 130-140 Le nickel calédonien représentait en 2014 15 % des réserves mondiales. Sa maîtrise a été d'emblée un enjeu majeur du combat indépendantiste kanak, comme symbole de l'exploitation coloniale à reconquérir et comme condition de l'autonomie économique. Or, en août 2015, un conflit de « rouleurs » (transporteurs du minerai vert) a montré la possibilité de rapprochements entre indépendantistes du FLNKS et non-indépendantistes : l'Union Calédonienne a défendu officiellement la libre exportation du nickel aux côtés des Républicains, quand les autonomistes de Calédonie Ensemble (centre droit) ont défendu son contrôle aux côtés de l'Union Nationale pour l'Indépendance et d'une frange de l'UC. Ce conflit révèle ainsi, outre des divisions internes au FLNKS, que le nickel, jusque-là vecteur de l'émancipation économique des Kanak, peut fonctionner également comme un symbole de l'émancipation du pays tout entier.
- Un féminisme anticolonial : l'Union des femmes de La Réunion (1946-1981) - Myriam Paris p. 141-149 À travers l'histoire de l'Union des femmes de La Réunion, Myriam Paris montre comment l'État colonial puis postcolonial asseoit son pouvoir en produisant les populations qu'il administre à travers un ensemble de mesures dérogatoires aux principes de son action en métropole. Politiques concernant la main-d'œuvre économique, les aides familiales ou la procréation se conjuguent pour façonner les contours des groupes sociaux et de leurs divisions. Les féministes anticoloniales réunionnaises n'ont alors eu de cesse de lutter simultanément contre les oppressions de classe, de sexe et de race et leurs articulations changeantes au gré des intérêts du pouvoir.
- Les logiques syndicales de la « marche vers l'indépendance » : l'Union Générale des Travailleurs de la Guadeloupe - Pierre Odin p. 150-159 Connue lors de la grève générale de l'hiver 2009 qui a touché l'île, l'action de l'Union Générale des Travailleurs de la Guadeloupe s'étend bien au-delà de la défense des salarié·es et de la question du pouvoir d'achat. En articulant question sociale, raciale et décoloniale dans le cadre d'un travail d'éducation populaire et d'encadrement ouvrier l'UGTG est parvenue en plusieurs décennies à se constituer comme un acteur incontournable de la lutte indépendantiste dans la Caraïbe.
- Échec des mouvements unionistes et indépendantistes à Mayotte : de leur formation à leur négation (1958-2011) - Mamaye Idriss p. 160-168 De leur genèse dans les années 1950 à leur quasi disparition jusqu'à la départementalisation en 2011, les mouvements indépendantistes à Mayotte se caractérisent par leur polymorphisme. Ils s'opposent en effet à deux centralités : la métropole et l'archipel des Comores. La revendication départementaliste, dominante, a été le plus souvent associée à la volonté d'affranchissement vis-à-vis des Comores. Les mouvements indépendantistes ont quant à eux souvent promu un rapprochement avec les autres îles de l'archipel en vue d'une indépendance commune vis-à-vis de la France. Cette complexité est accentuée par le travail de répression et d'occultation des mobilisations indépendantistes qu'a mené le Mouvement populaire mahorais (MPM), parti départementaliste dominant depuis plus de soixante ans. Le destin de Mayotte montre que l'indépendantisme dans les colonies françaises se comprend non seulement dans la relation à la métropole mais aussi dans le contexte politique et social spécifique à chaque territoire.
- Un parcours entre indépendance, autonomie agricole et lutte électorale en Guyane : Entretien avec Roland Delannon - Stéphanie Guyon p. 169-175 Roland Delannon a participé dès 1972 à la naissance du Mouvement guyanais de libération (Moguyde), matrice de l'indépendantisme guyanais. Enseignant et agriculteur, il met à profit la clandestinité forcée pour implanter une organisation née à Cayenne parmi les communautés Businenge (« Noirs-marrons ») et amérindiennes qui vivent en amont du fleuve Maroni, avant d'investir le mouvement des coopératives agricoles destiné à l'autosuffisance alimentaire, puis la compétition électorale auprès de Christiane Taubira. Son parcours illustre tout un pan de l'indépendantisme en Guyane, et montre combien l'enjeu des relations entre communautés créoles, amérindiennes, businenge, métropolitaines et issues des migrations contrôlées ou non par l'État (aujourd'hui venues surtout du Brésil et du Surinam) est au cœur de la vie politique guyanaise comme de l'action de l'État français.